L'actualité de la crise : LA GROSSE CONTRADICTION ALLEMANDE, par François Leclerc

Billet invité

Sans doute faut-il revenir sur les petits mystères – qui n’en sont pas réellement – du fonctionnement de l’Eurosystème pour comprendre les raisons du dernier épisode de l’opposition allemande à la politique suivie par la BCE, pourtant depuis peu partout ailleurs encensée pour tous ses bienfaits. La lutte continue !

Jens Weidmann, président de la Bundesbank et à ce titre gouverneur de la BCE, a en effet clairement manifesté – par un courrier à Mario Draghi qui a opportunément fuité – son refus de voir la banque centrale poursuivre sa politique de soutien sans limites aux banques commerciales, illustrant par là même sa crainte que cela puisse se révéler nécessaire.

Il y est question de Target 2, le « système de transfert express automatisé transeuropéen à règlement brut en temps réel », dont c’est l’acronyme en anglais, qui relie les systèmes de règlement des banques centrales nationales. Pour être plus clair, le système de transfert financier entre les banques centrales de l’Eurosystème.

Jens Weidmann a en effet soudainement découvert que la banque centrale allemande avait fin 2011 une créance envers ses consœurs de plus de 500 milliards d’euros, dont l’origine est simple. Sans rentrer dans les détails, elle résulte de la substitution de l’Eurosystème au marché interbancaire qui ne fonctionne plus : en 2003, selon l’IFO (l’institut d’études économiques allemand), ces créances étaient d’un montant de 5 milliards d’euros. Elles doivent avoir encore augmenté à la suite de nouvelles injections massives de liquidités de la BCE, et vont continuer à le faire.

Les banques commerciales d’un pays donné de la zone euro se finançant sans limites auprès de leur banque centrale nationale, celle-ci enregistre ses créances auprès de sa consœur du pays d’où sont importés des biens et des services grâce à ses crédits. Le cumul net de ces créances a abouti aux montants évoqués dans les livres de la Bundesbank, soit 20 % de son PIB, tout simplement parce que l’Allemagne est le principal exportateur net au sein du marché européen.

Mais le problème qui est posé par le président de la Bundesbank est la qualité du collatéral qui est apporté par les banques privées aux banques centrales nationales, qui en dernière instance garantissent à leur tour les créances de la Bundesbank… Si celles-ci ne pouvaient en cas de malheur remplir leur fonction, il ne resterait plus à la banque centrale allemande qu’à enregistrer des pertes.

La meilleur solution serait de loin de réparer le marché interbancaire et pour cela le système bancaire européen, mais c’est hors de question. Une autre possibilité – évoquée par les économistes qui préfèrent également l’ignorer – serait que l’Allemagne s’appuie davantage sur son marché intérieur pour assurer sa croissance, mais ce n’est pas non plus le chemin qu’elle emprunte. Il ne lui reste alors qu’à agir sur les effets et non les causes, ne voulant pas non plus de la solidarité financière qui est indissociable au sein d’une union monétaire qui lui est profitable pour assurer la pérennité de ses exportations. Inutile de s’interroger, dans ces conditions, sur l’origine du miracle allemand et la possibilité de le reproduire…

Les autorités allemandes ont en tête une toute autre solution, au cas où la BCE devrait poursuivre la politique qu’elle a engagée, par exemple si la croissance devant résulter du développement du crédit bancaire n’était pas au rendez-vous, ou si les banques se révélaient incapables de la rembourser de 1.000 milliards d’euros dans trois ans. Il s’agit, ni plus ni moins, d’obtenir des pays créanciers via leurs banques centrales des garanties supplémentaires, des actifs de qualité comme par exemple des infrastructures… On revient à la proposition de la presse populaire allemande d’acquérir des iles grecques pour les transformer en centres de vacances…

Faute d’y parvenir, la logique de la position défendue par Jens Weidmann risque de revenir à débrancher la machinerie de l’Eurosystème qui permet au système bancaire de fonctionner, aboutissant de facto à remettre en question l’euro dont le maintien est par ailleurs proclamé indispensable… Une redoutable contradiction de la politique du gouvernement allemand qu’il a le mérite involontaire de souligner.

Voilà qui met en perspective les soupirs de soulagement que l’on entend. Au mieux, quelle ingénuité !

125 réponses sur “L'actualité de la crise : LA GROSSE CONTRADICTION ALLEMANDE, par François Leclerc”

  1. Merci, François

    Voici l’explication que j’avais sollicitée il y a quelques jours…
    Lumineux!

  2. Les méfiances inter-bancaires n’arrangent rien; ca chauffe pour Draghi. A lire sur ce thème un article dans http://www.spiegel.de d’aujourd’hui. Titre: Draghi gerät wegen Euro-Flut unter Druck.

  3. Je ne comprends pas bien la logique…
    Peu importe que la Buba enregistrerait de futures pertes, car ce sont les pertes de la BCE.
    Sinon c’est quoi la BCE? Du vent?
    La BCE serait capable de dire: « Je ne suis pas garante des pertes de la Buba. Ciao! Débrouillez vous! »?

    Par en dessous on a plutot l’impression de manip politique faisant croire aux allemands qu’ils seront les payeurs en dernier ressort…Vrais ou faux cet argument me semble un alibi…

    Mais aussi qu’en cas de sortie de retour au mark, cela risque de leur poser des problèmes…

  4. Le problème de la banque centrale allemande par rapport aux pays débiteurs européens est probablement du même type que celui de la banque centrale chinoise par raport aux USA. Il faut bien retrouver la contrepartie des déséquilibres extérieurs quelque part.. Cela fait déjà quelques mois que l’on s’inquiète sur Target 2. Hélas il n’y a pas de solution, et le miracle allemand ne peut être que précaire…. sauf si la dite banque centrale allemande se met à acheter massivement et directement de la dette publique grecque , espagnole, italienne, etc….

    1. Vous avez raison, les Allemands sont un peu dans la même situation vis à vis des Grecs et autres Européens que les Chinois vis à vis des Américains. A cette nuance près que nous, nous avons la même monnaie.
      Les Allemands qui veulent rester maître de leur solidarité vis à vis de leurs partenaires – il ne peut pas en être autrement entre vieilles nations souveraines – comptent absolument sur le dernier Traité de stabilité pour que chaque Etat, à brève échéance, équilibre durablement son budget.
      Au fur et à mesure que les Etats seront jugés respectueux du nouveau Traité de stabilité, les Allemands dès lors surs que l’annulation partielle de la dette ne sera pas immédiatement bouffée par de nouvelles dettes, autoriseront la BCE à faire des créations monétaires en annulant progressivement les contre-parties qu’elle détient. On voit que l’Allemagne dispose d’un énorme moyen de pression car actuellement, elle est la seule réticente à perpétrer cette infraction au Traité de Maastricht.
      Ainsi, la dette de la Grèce et des autres ne sera pas intégralement remboursée mais si l’opération se fait sur une décennie, la dépréciation internationale de l’euro – c’est en cela que les Allemands vont payer – devrait être supportable.
      La crainte de Jens Weidmann relatée par François Leclerc est relative à l’hypoyhèse catastrophe où certains pays ne voudraient pas se plier à la discipline du déficit zéro et où l’Allemangne se verrait contrainte de quitter l’euro et d’enregistrer brutalement les pertes observées sur les contreparties, pertes qu’on peut imaginer considérables surtout vu les circonstances évoquées

      1. Vous résolvez comment la quadrature : « équilibre à marche forcée »-« récession »-« accroissement de l’endettement »-et in fine : « perte de confiance et politique et économique »?

        Je crains qu’il ne soit trop tard (plus le temps, pas le temps) des équilibres supposés vertueux et des contreparties supposées vertueuses (les grecs seront saignés depuis longtemps, les espagnol reviendront vendanger (mais quoi, au fait?) et je n’ai pas l’imagination de penser à tous les autres.

  5. Attention DANGER.
    Le président candidat pourrait bien être à l’origine d’ un effondrement économique afin de reprendre la main sur les électeurs , il suffit qu’il appelle quelques copains pour fermer leurs usines.
    C’est moi ou le chomage , capables de tout ces politiques.

    1. @ Bertrand que je cite ici : « Le président candidat pourrait bien être à l’origine d’ un effondrement économique afin de reprendre la main sur les électeurs , il suffit qu’il appelle quelques copains pour fermer leurs usines.
      C’est moi ou le chômage , capables de tout ces politiques. »

      Hypothèse tout à fait recevable et d’autant plus plausible si on la renvoie à cette autre information, mollement démentie, d’une sorte d’aimable fin de non-recevoir signifiée par les membres du club européen au candidat-président, jugé ou perçu comme manquant de crédibilité, et que personne ne souhaite rencontrer.

      Bien à vous,

      RB

  6. Alors à défaut des transferts internes de force de travail comme aux EU pour assurer la cohérence de la zone monétaire, il n’y aurait plus que le transfert asymétrique de touristes dans un sens et de travailleur « plutôt bas coût » dans l’autre pour faire fonctionner le système ?

    C’est en effet la fin de l’idée de souveraineté du peuple (l’outil monnaie en arrivant à servir d’autres peuples).
    Pourrait-on tel le judoka retourner cette logique pour que l’Allemand qui vient sur une île grecque soit momentanément au moins autre chose qu’un allemand ? Par exemple, il aurait obligation de contribuer à un mois de mise à niveau d’un salaire d’un grec sur un salaire d’un allemand par semaine passée (proposition irréalisable, mais pour dire qu’en mettant tout sur la table, il est possible qu’une solution émerge…) (ou d’un salaire d’un émigré grec, pour qu’il y a balance…)

    1. Vous faites exprès ! Même moi, j’ai compris : si la banque centrale allemande ne veut pas enregistrer de créances auprès de ses autres copines, banques centrales, faut que le Merkel-land arrête d’exporter.

    2. François leclerc est tellement talentueux
      Certes , il faut peut être parfois deux lectures pour en aprécier tout le sel
      Mais après quelques textes la conquête est telle que on lui donne raison
      sans opposition ( le talent quand même )
      On est même plus sûr de vouloir comprendre tellement tout cela parait limpide …
      CONFIANCE ( c’est drôle c’est le leitmotiv de la bourse ..)

  7. Le dérapage annoncé en fin de semaine dernière par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy concernant le déficit budgétaire du pays en 2012 est « grave », a estimé lundi un porte-parole de la Commission européenne.

    Le dérapage est « sérieux, grave », a souligné ce porte-parole, Amadeu Altafaj, ajoutant toutefois que la Commission européenne ne proposerait aucune mesure avant d’avoir effectué « une évaluation complète » de la situation des finances publiques espagnoles.

    Selon une source proche du dossier, la Commission européenne, mécontente notamment de la manière dont ce dérapage a été annoncé, pencherait à ce stade pour infliger des sanctions à Madrid.

    Vendredi 2 mars, M. Rajoy n’a en effet informé personne de son intention de briser le Pacte de discipline budgétaire quelques heures seulement après l’avoir signé avec 24 de ses homologues. « Je n’ai pas informé les présidents et les chefs de gouvernement parce que je n’ai pas à le faire. Il s’agit d’une décision souveraine que nous Espagnols, nous prenons », a-t-il soutenu au cours de sa conférence de presse.

    Les ministres des Finances de la zone euro devraient commencer à étudier de premiers éléments chiffrés du budget espagnol lors d’une réunion de l’Eurogroupe lundi 12 mars à Bruxelles, selon la source proche du dossier.

    Mais selon une source diplomatique, il est impossible de demander à Madrid de revenir à 4,4 % de déficit cette année après un déficit public qui a explosé à 8,51 % en 2011.

    http://www.boursorama.com/actualites/la-commission-europenne-juge-grave-le-derapage-budgetaire-espagnol-c48ace8c5e5dd10752b00c5c027b864f

  8. Hi,

    Guest Post: The Next 15 Days Of Our Lives

    An Important Week

    « I recall the early days of the Greek crisis when everyone asked why Greece was so important because it is such a small country. I responded that they had a total of $1.1 trillion in debt (sovereign, municipal, corporate, bank and derivatives) and I remember the blank stares. Now, if the newest bailout goes through, they will have more than $1.3 trillion in debt and while they could not pay the initial amount they certainly cannot pay any larger amounts so that it can clearly be stated that what is going on is the central banks of Europe and the ECB/EU lending money to Greece only as a conduit to pay back their own banking institutions. If you object to my math here recall that as the private sector involvement reduces the notational amount of sovereign debt but that the Greek banks are also going to be lent money so that the decrease in sovereign debt which excludes the ECB/EIB and IMF debt is not the headline bandied about in the press. So we have the hard date of March 9 when either the threshold for the exchange is met or not, the imposition of the CAC clause or not, the next “Question” to the ISDA if the CAC is triggered asking if there has been a credit event to trigger the CDS contracts, the possible consequences of a CDS trigger, the decision on the bailout funds by the EU and finally the March 20 hard date when Greece must make its bond payments or default. Regardless of your opinion, it may now be stated precisely, that there is a lot of risk on the table and on that basis alone I would assume a quite defensive position until this all gets played out. The risk/reward ratio is now strongly slanted towards Risk. »

    The Standoff

    Spain

    China

    Second Bailouts

    http://www.zerohedge.com/news/guest-post-next-15-days-our-lives

    Bon alors, ISDA or not ISDA ?

    euh … IS not da.

    1. alors, ISDA or not ISDA

      A moins que cela ne devienne le SIDA du système, rendant sa chute inéluctable

  9. Contradiction de la politique allemande ou contradiction consubstantielle au système issu de la mise en œuvre des principes de l’ordolibéralisme : indépendance de de la banque centrale / conduite d’une politique économique

  10. Tel est pris qui croyait prendre (au moyen de de la désinflation compétitive), Teufel ! La solution envisagée et ci-dessus décrite s’apparenterait à une prise d’otage, une vieille coutume locale ?

  11. Je ne vois pas où est la contradiction interne de l’Allemagne: elle prépare une sortie de l’Euro, n’ayant pas l’intention de financier la déconnade à la place des autres, au-delà du raisonnable. Même si cette sortie aura aussi un coût pour elle, mais moindre que si elle continuait le cinéma actuelle, auquel on assiste, ad vitam aeternam…

    1. Visiblement, les dirigeants allemands estiment que l’option actuelle leur coûte a priori moins cher ! Comment, d’ailleurs, calculer les coûts qui résulteraient d’un éclatement de la zone euro, tout confondu ?

      1. Je pense effectivement que ce calcul est difficile, sinon impossible à faire. Mais on peut peut-être faire une première approximation (je me contente de l’Allemagne sortant de l’euro, même, si c’était le cas, d’autres l’accompagneraient) :
        – estimer la réévaluation vraisemblable du mark qui s’en suivrait
        – chiffrer le déficit commercial d’export que ça occasionnerait (80% (?) des exports vers l’UE)
        – y ajouter le déficit commercial d’import (entre autres les 60 et quelques milliards d’euros importés depuis la France)
        – etc

        Ça donnerait déjà une idée, non ?

        1. Vous n’êtes pas au bout de l’addition : l’Allemagne sortant de l’euro signerait l’éclatement de la zone dans son entier ! Tenez aussi compte des implications pour le système financier.

      2. M Leclerc, comment je ne sais pas, mais J Sapir a estimé le coût d’une sortie de l’allemagne à ~2% de son pib, et le coût pour y rester et soutenir à ~3-4% de son pib (nb : il ne parlait pas d’éclatement, mais de sortie ou de soutien). Si l’option actuelle vise une sortie…

        Et les gains de l’instauration de l’euro, çà se calcule?

        1. Je prends toujours mes distances avec ce genre de calcul si je n’en connais pas le mode. Sortie de l’Allemagne ou éclatement de la zone euro, c’est pratiquement la même chose, car la première revient à déclencher le second.

      3. @ Fr. Leclerc

        Oh, j’y ai pensé ! Faut pas croire … 🙂

        Mais, je suis sûr que rien que ce seul calcul (déjà difficile) est dissuasif pour l’Allemagne.

        Quant au reste des conséquences … Pensons simplement à l’envolée des prix du pétrole (libellés en $ si je ne me trompe), aux deltas d’échanges commerciaux entre les pays du Sud de l’Europe (Espagne, Italie, …) en particulier agricoles, et je m’arrête là ou sinon on fait exploser le blog !

        Suivi, bien sûr, ne l’oublions pas, de la chute en quelques semaines du dollar.

        C’est bien pour ça que je parlais d’approximation ! (J’aime les euphémismes …)

      4. En cas de sortie de l’Allemagne de la zone euro, on considère que le nouveau mark prendrait de l’ordre de 30% par rapport à l’euro. La valeur des avoirs allemands (banques, assureurs) en euro à l’étranger, perdraient de l’ordre du tiers, soit environ 200 milliards. Ce qui serait bien entendu problématique.

        Quant aux conséquences induites pour les autres pays, et pour le système financier en général (au-delà de l’Allemagne), je suis bien incapable de vous donner des précisions à ce sujet.

      5. Outre Rhin, euh…non, de ce côté ci du Rhin, je sais plus où j’habite, les calculettes chauffent, puisque même les exportateurs envisagent la sortie, c’est pas peu dire :

        « Parenthèse au passage, voici quelques traits caractéristiques des Allemands : dans une situation de blocage, ils préfèreront souvent « encaisser » tout de suite un choc violent et faire des efforts très importants pour s’en sortir à terme par le haut ; plutôt que de rester dans des situations figées, sans réagir, avec en plus à la clé un risque potentiel non précisément cerné ; ce qui est totalement inconcevable pour tout Allemand qui se respecte. »

        « En effet, il y a des alternatives. Toujours selon Börner, une mini-zone Euro pourrait être la solution. Elle inclurait outre l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande les Pays-Bas, le Luxembourg et le Danemark. Une zone hyper intégrée (fédéralisme), avec des lois communes, un marché unique libre et sans barrière et une monnaie unique forte. Et pour éviter qu’elle ne s’apprécie excessivement jusqu’à nuire à la compétitivité des pays de la zone, Börner propose une gestion volontaire et ambitieuse de cette monnaie, à l’image de ce que fait la banque centrale suisse avec le Franc Suisse : un bon coup de poing sur la table, y a que ça de vrai. Force est de constater que ça marche. »

        http://www.atlantico.fr/decryptage/allemagne-sortie-zone-euro-angela-merkel-isabelle-mouilleseaux-271583.html

        Scénaristes, au boulot.

        En voici un :

        How to Break Up a Currency Union

        http://www.acting-man.com/?p=14603

      6. LAllemagne semble être en train de se tourner progressivement vers la Russie. Je pense que justement ce n’est pas pour rien.

      7. @ fnur

        Le 4ème Reich ! Enfin ! 🙂

        Et tu les vois vraiment ne pas avoir une politique de l’euro-mark fort ?

        (Enfin suffisamment pas trop fort pour que 1- on continue à leur acheter des bagnoles allemandes, 2- on continue à leur acheter des fromages hollandais, 3- etc, 4- ils ne soient pas submergés par les produits agricoles des autres, 5- etc. derechef).

      8. observé la lente progression de l’Allemagne en direction de la sorti, je pense qu’un axe berlin / moscou est dans les tuyaux. A bonne entendeur….

      9. Musique, marche allemande :

        http://www.youtube.com/watch?v=4oCJeMzh7sg

        Pour la promotion d’un nouveau Reich, je n’y crois pas.

        Je serais plutôt vers une ligue hanséatique.

        Mais bof, je me suis fait ièch comme pas permis en France, j’ai drippé
        sur l’Allemagne, et c’est bien plus productif. Franchement, je ne regrette pas d’avoir franchit
        la ligne jaune. Ca me tardait, et j’ai passé le pas. Y a un moment où on se dit va voir ailleurs, je l’ai fait et m’en trouve pas si mal.

      10. je pense qu’un axe berlin / moscou est dans les tuyaux

        Ouais, bof, pas sûr qu’il en soit jamais sorti, des tuyaux, enfin bon, il en sortira toujours du gaz… Mais comptez sur Sapir pour être des entremetteurs zélés.

      11. @ fnur

        « 4ème Reich » : j’espère que tu avais vu le smiley 😉

        Par contre, ton expression « ligue hanséatique » (même si elle fleure bon le vieux temps) ne mérite aucun smiley et correspond, effectivement, à une certaine réalité.

        Ce n’est pas moi qui te reprocherai d’avoir décidé de d’installer en Allemagne si ça te convient ! Encore une fois : je suis un Européen autant qu’un Français.
        Mais je suis curieux : qu’en est-il de ton statut « social » ? Je veux dire cotisations diverses (maladie, retraite, mutuelle, etc. et aussi droit du travail, tout ça).

        Je te pose cette question parce que j’ai connu de jeunes célibataires ou fraîchement mariés qui étaient allé(e)s s’installer à Londres dans les années 90, et qui sont rentrés dare-dare en France dès qu’ils ont eu un gamin !

    2. oui, çà semble plutôt être la contradiction de la monnaie unique étendue à des pays aussi différents.
      On réglerait le problème des transferts budgétaires que celui de la mobilité des travailleurs ne le serait pas (les grecs partent actuellement aux états unis ou en australie, non pas en allemagne par ex), ce qui laisserait les transferts sur les épaules d’un nombre restreint de pays, les plus productifs, ceux qui laminent la concurrence par leur compétitivité (s’obligeant à de nouveaux transferts etc).

      L’allemagne doit vouloir en sortir : promouvoir l’austérité à ses principaux clients ou racheter les autres pays ne réglera pas grand chose je crois.

      Historiquement les pays industriels se sont industrialisés à l’abri de protection douanière (pour ensuite, le processus accompli, inciter, voire obliger, les autres à se mettre au libre-échange pour écouler ses marchandises (et accessoirement prévenir l’émergence d’une éventuelle concurrence). Sauf exploitation par une minorité du reste de la population (médaille d’or à la chine), aucun pays n’a développé son industrie dans un régime de libre échange.

      1. Sur une intéressante nouvelle historiographie de la « révolution industrielle » et du « libéralisme » du XIXe britannique, un texte de la Revue d’Histoire du XIXe siècle, « Industrialisation et libéralisme au XIX e siècle : nouvelles approches de l’histoire économique britannique » de J. Vincent.
        http://rh19.revues.org/index3514.html
        La conclusion :

        La différence peut se résumer d’une formule. Alors que Karl Polanyi décrivait la situation des sociétés industrielles et libérales à l’aide du terme « désencastrement » les historiens évoquent aujourd’hui un « encastrement » ( embeddedness) de l’économie. Au lieu de lire l’histoire anglaise du XIX e siècle comme celle du projet (impossible) de désencastrement du marché, ils ont montré que les comportements économiques y étaient tout aussi encastrés dans les institutions, les relations sociales, les règles juridiques et les normes morales que dans n’importe quelle autre économie. Cette évolution n’a rien à voir avec une lecture complaisante ou irénique de la société victorienne. La nouvelle histoire économique laisse au contraire une grande place au conflit et permet de mieux prendre en compte la diversité des « dislocations » sociales ou environnementales et la manière dont celles-ci sont perçues par les contemporains.
        Elle se focalise moins sur la violence faite par en haut d’un groupe de doctrinaires voulant imposer son utopie libérale que sur la surexploitation, à tous les niveaux, des non qualifiés par les qualifiés, des femmes par les hommes, des enfants par les adultes, des non-Européens par les Européens, et des consommateurs par eux-mêmes.

      2. Très intéressant, Vigneron, merci.
        L’incrustation de la révolution industrieuse, complément de l’extension de la révolution industrielle : « Si les Anglais consomment plus, selon Hans-Joachim Voth, c’est d’abord parce qu’ils ont un désir plus grand de consommer, ce qui, dans un contexte où les salaires réels n’augmentent pas, les pousse à travailler plus. Cette « révolution industrieuse », comme l’appelle Jan de Vries, se distingue de la révolution industrielle en ce qu’elle est stimulée par la demande et non par l’offre, et procède d’une situation dans laquelle « les hommes […] sont esclaves de leurs propres désirs » qui les forcent à travailler »

        C’est la thèse de Jan de Vries, netre autres : « Révolutions industrielles d’hier et d’aujourd’hui ».
        Où les institutions sociales ont bien intégré ce ‘désir de consommer’ produit par l’idéologie libérale et à contrario, ‘encastré’ l’économie : on pourrait parler de métastases dans le corps social, pas d’une tumeur qui s’en exfolierait …
        L’analyse de ce mouvement s’étend à tout un ensemble de pays, y compris la Chine et le Japon : « La consommation, une invention occidentale ? »
        « Dans son Histoire des choses banales, Daniel Roche souligne que la hausse progressive des revenus des ménages permet la satisfaction de besoins plus diversifiés. Mais surtout, en suscitant la création de types nouveaux d’objets, la hausse du pouvoir d’achat transforme les besoins à satisfaire, restructure les usages en ouvrant la porte aux stratégies de différenciation ou de représentation, en enrichissant les symboliques de la possession. »

        Une sorte de possession totalitaire, fondée sur le désir et sa libération.
        En quelque sorte, la face cachée du libéralisme économique : non pas seulement la non-intervention de l’Etat et le libre-échange qui viendront historiquement (après 1846 et jusqu’en 1930 au RU), mais si j’ai bien compris après la naissance du consumérisme (vers 1820), lequel fait suite à la diffusion des idées de Smith 40 ans plus tôt (fin 18ème siècle).


        L’origine du consommateur moderne
        (par Jan De Vries)
        « Adam Smith lui-même l’affirme dans sa Richesse des nations : « La consommation est la seule fin et la seule raison d’être de toute production. » »
        « Auparavant, les membres de toutes les catégories sociales vivaient leur vie entière au milieu d’objets qu’ils avaient non seulement hérités, mais qu’ils léguaient à leurs descendants. Plus que des consommateurs, ils étaient des héritiers. »
        « C’est ainsi que la révolution industrieuse a préparé le terrain pour la révolution industrielle. En définitive, le nouveau consommateur a donc précédé le nouveau producteur. »

      3. Mon pauvre zébu ankylosé choque deux fois ton wagon jaune 🙂

        Connaissais-tu ce pangramme cher zébu ? Drôle n’est-ce-pas.

      4. oui, c’est un raccourci que j’ai employé : l’exploitation (ou rapport de force) est plus diffuse…je lirais çà en détail, Vigneron, il semble y avoir des points intéressants, merci.

        dans le 1er§ que vous citez , il semble redécouvrir l’étymologie d’économie
        …et : comment quelque chose peut être à la fois « encastré », et disloquant?

        le 2d§ me rappelle Hobbes (« l’Homme est un loup pour l’Homme »), comme le § précédent votre citation qui parle du libéralisme économique comme d’une « restauration de la confiance dans l’Etat », mais qui affirme que ce libéralisme est  » un conflit ouvert sur la nature et les frontières de la société civile. » me rappelle aussi Hobbes (le Léviathan (la blessure Cromwell))…
        …mais (bis) : comment un conflit peut restaurer confiance…?

      5. @ octobre :
        ‘lut !
        J’étais en train (cas de le dire) de chercher la signification de wagon jaune (je ne sais pas pourquoi, j’étais parti en eaux troubles avec un sous-marin) quand je me résolu d’utiliser le lien (qui libère) : et force fut de reconnaître que je ne savais point ce qu’était un pangramme (qui n’avait rien à voir avec un pain minuscule) …
        Ankylosé suis-je donc. Merci.

    3. les politiques allemandes, qui ont d’ailleurs imprégné la construction européenne, ont bien participé à  » la déconnade » et au « cinéma  » que vous stigmatisez. Voir notamment l’analyse de l’OIT.

      1. Je crois que TODD gagnerait à affiner son concept d’Allemagne, il le réduit par trop à l’héritage dans une famille comme absence de système égalitaire.

      2. «Devra-t-il menacer de sortir de l’euro ? »
        «Oui, c’est l’arme de la France face à l’Allemagne. »

        Ouarf, le vieux mythe de la toute-puissance gogaulliste, celui d’un Samson (un peu déplumé aujourd’hui) menaçant de faire s’effondrer les colonnes du temple si les philistins/allemands ne lui donnent pas ce qu’il veut. «Tu vas mourir avec nous sous le temple» lui disent les philistins/fridolins. «Surement pas ! Ce temple ne tombera pas… Vous y tenez bien plus que moi à ce temple !»
        Bref la stratégie Thatcher des années 70/80 (« I want my money back ! ») ou la chaise vide de 65 et le piteux compromis de Luxembourg…
        L’hymne européen ? Pas l’hymne à la Joie. Non. Mais « Pay me my money down » !
        http://youtu.be/MpsOJbMCVwA

      3. @Genetais, @vigneron
        J’ai pas dit qu’il avait raison, mais faut bien reconnaître que jusqu’ici, il ne s’est
        pas beaucoup trompé…!
        La politique de la chaise vide ? Ouais, c’est le crédo du FdG ?
        Inutile d’en arriver là, mais deux chaises pour un discours moins timoré avec l’Allemagne…?
        Quand à l’hymne européen, bonjour l’angoisse !
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Ode_%C3%A0_la_joie
        Et l’Europe enfin ‘sociale’…Heu…Plus tard…Trop tard…?
        http://www.monde-diplomatique.fr/2010/06/GALBRAITH/19179

      4. @Paco76

        L’intention du Front de gauche n’est pas de pratiquer la politique de la chaise vide, mais au contraire de réaffirmer les rapports de force, ce qu’à précisément fait l’Allemagne au cours de ces dernières années sans réponse des politiques français, trop content de pouvoir prendre le prétexte du modèle allemand pour continuer à imposer l’idéologie libérale. Il est simplement temps de parler à nouveau assez fort pour être entendu. Quand on négocie, on ne commence pas par demander le minimum…

      5. @ Paco76 :
        « faut bien reconnaître que jusqu’ici, il ne s’est pas beaucoup trompé…! »
        pour les grandes lignes, il a du flair mais en terme d’action politique, il se plante tout le temps…

      6. @ Paco 76 et Vigneron :
        Emmanuel Todd dit autre chose, concernant Hollande mais aussi la France (sur l’Allemagne, c’est beaucoup plus profond que cela, lire son dernier opus anthropologique).
        En gros, peu importe ce qu’il dit ou propose, l’essentiel étant qui il est et les valeurs qu’il porte. Car de toute façon, une fois élu, il devra faire face à la réalité et il n’aura le choix qu’entre Papandreou ou Roosevelt comme totem. Il fait un pari pascalien : s’il se trompe, cela ne changera pas grand chose aux réalités mais s’il a raison …
        Il retourne l’argument de 83 avec Mitterrand, anticipant la vague qui vient et qui n’est pas celle, à l’inverse des années 80, du libéralisme.
        Là où il se trompe à mon sens c’est sur ceux qui accompagnent Hollande et les élites françaises : cela fait belle lurette qu’elles ont été formatées (peu importe à la limite dans quel sens). Quand à leurs compétences …
        Jusqu’à l’histoire de la tranche d’imposition à 75%, je restais résolument sur l’analyse mitterandienne. Pourquoi jusqu’à ce ‘coup’ politique ?
        Parce qu’il n’était pas prévu, y compris par ceux qui l’entourent et les élites hiérarques socialistes (y avait qu’à voir la tête de Jérôme Cahuzac pour comprendre …).
        Je sais, c’est plus que ténu comme analyse mais peut-être faut-il sans doute plus se fier en politique à la capacité de surprendre, à s’opposer (pour une fois, Hollande a bien tenu tête sur la proposition et bien lui en a pris : les sondages ont démontré qu’une majorité de français le suivaient) et de s’adapter qu’à autre chose : rapport à ce qui attendra qui que ce soit une fois au pouvoir …
        Bon, mais ça me dit toujours pas pour qui voter tout ça …

      7. @Nicks

        « L’intention du Front de gauche n’est pas de pratiquer la politique de la chaise vide »
        si si texto dans le texte : compromis de luxembourg (le truc qui n’est plus en vigueur et qui ne servait pas à renégocier mais à bloquer une négociation en cours).

        Pour le rapport de force et l’allemagne, je ne la trouve pas en position de faiblesse…m’enfin, au moins le fdg propose d’essayer sérieusement…enfin, sérieusement : c’est tout relatif…j’aime bien le « les traités sont fait pour être violés. Il faut renégocier de nouveaux traités » de j généreux.

      8. @Sylla

        L’Allemagne n’est pas en position de faiblesse bien entendu, je n’ai pas dit ça. Mais je souligne simplement que la France a laissé tomber son rôle de contrepoids au nom de l’Union et de la diffusion d’une idéologie. Il est temps de mettre fin à cette attitude.

        Encore une fois, si ce que propose la front de gauche est loin d’être parfait, dans l’offre politique actuel, il n’y a néanmoins pas photo. A mon modeste niveau, je sais que marteler les idées sans complexe, en affichant convictions et cohérence, finit par être payant. La campagne de Mélenchon est tout simplement brillante et je crois sincèrement qu’il va créer une belle surprise. Rendez vous le 18 Mars à la Bastille !

      9. Pipeau tous ces discours franco-musculeux sur l’UE ou l’Allemagne. Au niveau européen pour n’importe quel leader français, comme allemand, comme de n’importe quel pays, l’alternative est simplissime :
        – soit tu mets une part de souveraineté nationale dans la balance, une concession, une avancée, tu gueules on t’écoute, et tu pèses 65 millions de francais
        – soit tu tu cèdes rien de la souveraineté nationale, tu gueules, tout le monde se marre, et tu pèses que tchi, ah si ! le poids de ta dette et de tes déficits multiples.
        @Nicks

        Je souligne simplement que la France a laissé tomber son rôle de contrepoids…

        Contrepoids ? Quand ça ? Pas poids tout court plutôt ? En tous cas aujourd’hui je trouve qu’elle en fait un beau contrepoids à l’Allemagne. Ah si ! Désolé, mais si. Elle pèse la fRance. Ses déficits.

      10. à Nicks : conviction, oui, cohérence pas top…(j’en ai donnée deux d’incohérences. une troisième : sortir des traités constitutifs de l’UE…tout en restant dans l’UE. ou alors vous m’expliquez)

        pour apporter du moût à la mélasse de Vigneron, je citerais M.F Garaud : « c’est à Maastricht qu’il fallait poser ses conditions, quand une fille pauvre est demandé en mariage par un monsieur riche, elle doit poser ses conditions tout de suite, sinon après, c’est fichu! » pas top cohérente non plus, 30 sec après, elle affirme qu’il faut renégocier…

        Mais concernant les déficits, par contre…la france est en déficit depuis 500 ans, c’est le contraire qui est peu courant.

        « et tu pèses 65 millions de francais »
        bof : 12,5% des voix au parlement, très divisées entre les gros ppe et pse, et 1/27 au conseil…pour ce qui est de leur ressort. La commission ayant la main sur tous les sujets importants (même la sécurité sociale!)…lui manquait plus que le budget, mais çà arrive
        La californie, elle pèse sur le gouvernement fédéral américain?

        « – soit tu mets une une concession, une avancée » une concession, c’est une avancée?
         » tu gueules on t’écoute » vous l’avez senti écouté jospin? chirac? sarkozy? hollande va « gueuler »? bayrou? sarko bis?
        « soit tu pèses que tchi » soit tu t’allèges, soit tu ne pèses pas…soit tu te démets de tes (derniers)pouvoir soit tu n’en as pas…c’est malin.

        J’ajouterais une troisième option, pas besoin d’esclandre ou de menace ou de gueuler : bye bye UE, il y a une vie après l’UE.

      11. @Vigneron

        Pas d’argument comme d’hab. Porter des idées, c’est s’autoriser à ce qu’elles soient entendues par d’autres et il se dit que l’Allemagne est petit à petit en train de s’isoler. On ne fait pas l’Union sans la France, c’est comme ça, ne vous en déplaise. Vous savez pertinemment que l’Allemagne est quasiment aussi endettée que la France et que seul son excédent commercial réalisé précisément grâce aux déficits des autres pays membres, lui permet de se pavaner. Ses 20 % de travailleurs pauvres, on en parle moins c’est sûr…

        Enfin, je comprends que la stratégie que je défends, qui fonctionne bien mieux que la vôtre, vous mette encore davantage d’humeur désagréable que d’habitude.

        @Sylla

        J’ai toujours défendu une Union d’influence française, en cela je suis cohérent. Pour des raisons géo-stratégiques, la France seule ne peut pas assurer sa prospérité et un modèle social protecteur. Mais parce que les néolibéraux ont parfaitement réussi à gagner à un moment la bataille des idées quel que soit le pays, je pense que le renversement idéologique est possible et que ce renversement ne peut se faire que si la France reprend le flambeau qui est le sien en Europe depuis 1789 et parce que c’est encore aujourd’hui l’endroit où le capitalisme est le moins bien accepté dans l’inconscient. Pas d’espoir sinon. L’Union continuera doucement sa marche vers la dictature molle au profit des marchés, ce pour quoi elle est structurellement destinée…

        Quant à la chaise vide, c’est la solution de dernière extrémité, si aucun compromis acceptable n’est possible. Dans ce cas, je suis favorable à une sortie de l’Union, mais pour mourir dignement car il n’y aura pas d’autres issues.

      12. Nicks,

        Quant à la chaise vide, c’est la solution de dernière extrémité, si aucun compromis acceptable n’est possible. Dans ce cas, je suis favorable à une sortie de l’Union, mais pour mourir dignement car il n’y aura pas d’autres issues.

        Eh ben voilà, merveilleux, toujours le mythe du « Samson Français » déplumé et sans Dalila…
        Et si tu parles de compromis, alors faut avancer du grain, des concessions (i.e des avancées mister Syllabique…), pas que plaintes et morigénations, et donc les vendre à l’oustaou, à ses électeurs potentiels, aussi bien que ses intentions belliqueuses ou vindicatives matamoresques…
        Ps : en parlant d’arguments, je pèse à son juste poids l’argumentation anti-sondages de ton Jean-Lumière subitement et sans subtilité inversée par la Grâce d’un score à deux chiffres… Courage, il va peut-être rattraper les sommets marchaisiens, il le mérite avouons le, il en est déjà le clone médiatique du Grand Jojo.
        Re Ps : faudra lui dire de faire plus court au Jeannot-Lucho, de choisir, bref de sabrer dans ses conclusions de discours. « Vive la VIe République ! Vive la République ! Vive le Socialisme ! Vive la France ! » c’est un peu too much non ? On s’y perd un peu. Ou alors il me rajoute « Vive l’Europe » et juré-craché, je vote pour lui…

      13. @ Tous (ceux qui participent à ce micro-débat) :
        Je ne voudrais point faire d’analogie anachronique mais il me semble qu’un positionnement ‘particulier’ de la France au regard des positionnements européens n’est ni impossible politiquement ni même ne serait un précédent.
        Lorsque la révolution française se déclencha, en dehors de la monarchie constitutionnelle anglaise, le contexte n’était pas des plus favorable à la révolution. Encore moins, quand les révolutionnaires décidèrent de trancher et la tête et le régime avec. S’ensuivit une confrontation globale Franco-européenne, dans laquelle la France fut bien seule et dont … elle sortit vainqueur, certes, militairement mais aussi politiquement.
        Il reste que la conception des révolutionnaires n’était certes pas de s’établir sur le pré-carré français et que quand bien même l’opposition frontale et armée d’avec les nations régimaires européennes ne les ont pas empêché de porter leur regard au-delà des frontières et pas uniquement pour des raisons militaires ou d’expansion territoriale.
        Idem pour les révolutions suivantes, de 1830 et 1848, même si la France n’a pas initié le mouvement, ou en 1871. L’Europe a été habituée à ce rôle ‘particulier’ de la France.
        Encore faudrait-il que la France n’oublie pas le rôle important de l’Europe dans sa propre définition et existence …
        Le rapport de force est souhaitable, pour tous (y compris l’Allemagne, afin de contenir son ‘hybris’), il est même nécessaire.
        Mais comme le dit Vigneron, encore faut-il avoir à apporter quelque chose dans le combat d’avec une Europe largement imprégnée de néolibéralisme.
        Les révolutionnaires français de 1789, eux, y apportaient au moins leurs idées, notamment sur la nation et la nationalité : sait-on par exemple que les étrangers vivant en France obtenaient automatiquement la nationalité française, même sans l’avoir demandé ?
        Se battre contre les régimaires européens, certes, pas contre l’Europe et même pour l’Europe et pas seulement celle des nations : une Europe politique.

      14. Zeb, où vois-tu que le néolibéralisme à la française serait moins « libéral » qu’un ordolibéralisme à l’allemande ? Au nom des ultimes reliefs décharnés d’un jacobinisme national-nationaliste ? d’une « certaine idée de la France » ? Ça fait un paquet de baux long-terme qu’il est éteint le phare de l’humanité Zeb. Faut se réveiller… plus de place pour un quelconque, inexistant et de toutes façons anachronique messianisme gogaullois. De la branlette compulsive, sans joie ni résultats de vieux croûtons ouais…

      15. @Zebu

        C’est à peu près ce que je dis. J’ai toujours été favorable à un débat politique paneuropéen qui permettrait de rendre totalement caduque le faux argument qui consiste à dire que « les autres pays n’en voudront pas » dès qu’il s’agit de s’orienter vers une politique de gauche. En Europe continentale, il y a de quoi se faire entendre quand on propose de restructurer le secteur financier, de créer des services publics européens (des vrais pas des délégations qui finissent à la course à la rentabilité) et de faire en sorte que les inégalités ne dépassent pas un certain seuil. Encore faut-il porter solidement cette parole et ne pas perdre de temps à vouloir convaincre les tenants du pouvoir qui ne l’infléchiront ou le lâcheront que sous la contrainte du nombre. Quand ils auront peur, ils changeront, pas avant.

      16. Nicks,

        « J’ai toujours défendu une Union d’influence française, en cela je suis cohérent. »
        Avec vous même peut être, mais il suffit de regarder l’histoire de l’UE pour voir que cette influence n’a jamais vraiment existé : au début, trop d’influence américaine en partie parce que « libérateur », en partie par peur de l’urss ; ensuite dilution (de l’europe des 6, à l’union à 27), l’influence américaine n’ayant jamais vraiment cessé (que ce soit par ses financements, par l’otan, par la formation des élites dans ses écoles (ou les notre : ehess par ex)). Si les américains ont voulu la construction européenne, l’ont soutenu et continue, ce n’est pas pour qu’elle soit sous une autre influence que la leur. Ce ne sont pas des mécènes.

         » Pour des raisons géo-stratégiques, la France seule ne peut pas assurer sa prospérité et un modèle social protecteur. »
        Seule? hors l’Union, c’est l’ermitage? Les contre exemples ne manquent pourtant pas.
        Et les pays hors zone euro se portent en moyenne mieux que ceux en zone euro, et les pays hors UE se portent en moyenne mieux que ceux dans l’UE.

        à propos de 1789, Séguin déclara à l’assemblée au sujet de maastricht : « 1993 est littéralement l’anti-1789 ».
        Il compara aussi les transferts successifs (et prévisibles) de souveraineté au paradoxe d’achille et la tortue : dans ce paradoxe jamais achille n’atteint la ligne d’arrivée, ainsi la souveraineté (la capacité de décision), transférée petit à petit, ne devait jamais (cf les thuriféraires de maastricht) aboutir à un transfert complet (interdit par la constitution). Et pourtant…Achille dépasse bien la tortue, et atteint bien l’arrivée : ce n’est qu’un paradoxe en apparence. (le discours entier : http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/revision5_philippeseguin_Maastricht.asp )

        Pour la chaise vide (compromis de luxembourg), comme je vous l’ai dit, le dit compromis n’est plus en vigueur (ne subsiste que dans la règle d’unanimité). Il ne pouvait être utilisé que pour bloquer des négociations en cours, en vue d’un accord (en cours, en vue de). L’allemagne l’a utilisé dans les années 80=> la commission constatant le blocage et l’impossibilité d’un accord fit passer la réforme à la majorité qualifiée.
        La dernière fois qu’il fut utilisé, c’est par le gvt bérégovoy : la commission était en train de signer un accord commercial avec les états unis sur les matières agricoles (à la fin de l’uruguay tour du gatt), accord contraire à celui qui venait d’être signé en UE sur la PAC (il fallu trouver un compromis : une concession, ce que Vigneron appelle une avancée).
        La chaise vide pour revenir sur lisbonne, c’est dans les rêves.

        à mon sens le mélenchon aura le choix entre se coucher (par ex barrosso est à la tête de la commission jusqu’en 2015 je crois me souvenir), grapiller des poils contre de lourdes concessions (avancées 😀 ), ou sortir. Même une majorité FdG en europe ne ferait pas grand chose.
        Une possibilité cependant : de plus en plus de pays semblent de facto envoyer balader une partie du traité de lisbonne : à force, ce traité risque de tomber de lui même.

        Vigneron : « Ou alors il me rajoute « Vive l’Europe » et juré-craché, je vote pour lui… »
        Il a qualifié de « maréchaliste » le m’pep qui propose d’en sortir, vous inquiétez donc pas, c’est un fédéraliste pur sucre, juste qu’il veut un fédéralisme (plus) socialiste. Un alter-européiste sur la longue liste des alter-européistes (d’ailleurs il n’y a presque que çà, des alter-bidules, et des alter-machins : 95% de l’offre politique. Les soviets auraient du faire çà : des courants alter-soviétiques 😀 ).

      17. @ Vigneron :
        Je n’ai point dis que le néolibéralisme ‘à la française’ était mieux que l’ordolibéralisme ‘à l’allemande’, ni même que le jacobinisme, même pan-européen, soit la réponse.
        La révolution elle-même a été plus que fluctuante, y compris sur la question européenne. Elle fut bien timide à ses débuts, s’orientant fortement vers une monarchie constitutionnelle ‘à l’anglaise’, avant que de ‘basculer’ vers autre chose (les régimaires l’ont d’ailleurs bien aidé en ce sens).
        J’insiste plus sur les processus de transformation, qui me semblent bien plus essentiels que l’existence ou non d’un phare de la ‘conscience’ (et mon cul sur la commode).
        Sinon, quel phare et si tant est qu’il soit, n’en serions-nous pas suffisamment aveuglés pour nous échouer lamentablement ?

        Non, Vigneron, faudra se diriger à la bougie et à tâtons, en scrutant les rayons de lumière pouvant indiquer les sorties possibles. Et pour cela, faudra bien accepter de bouger et de se cogner à nos propres murs.
        Rien de plus.
        Mais rien de moins non plus.

      18. @Sylla
        « il a du flair mais en terme d’action politique, il se plante tout le temps… »
        Vous devez confondre Todd avec Minc !?

        @zébu et le ‘micro débat’…
        « Là où il se trompe à mon sens c’est sur ceux qui accompagnent Hollande et les élites françaises : cela fait belle lurette qu’elles ont été formatées »
        Pour les ‘élites’ politiques et/ou économiques, Todd semble sur la même longueur d’onde…?
        J’en remet une couche :
        http://www.dailymotion.com/video/xp2hzy_le-emmanuel-todd-show_news
        Et même une deuxième : (avec taillage de costard pour JM Aphatie)
        http://www.dailymotion.com/video/xp50sz_28-minutes_tv
        PS : « l’Europe et pas seulement celle des nations : une Europe politique. »
        Et donc ‘sociale’ !?

      19. @ Nicks :
        Oui, c’est le ‘à peu près’ qui ressort 😉 (au détriment du reste ?)
        Ce que souligne, à raison me semble-t-il, c’est l’aspect propositionnel qui, personnellement (je ne vais pas parler pour les autres) semble échapper sur l’Europe : qu’avons-nous à dire sur elle et surtout qu’avons-nous à lui apporter, en dehors de « la complainte du phoque en Alaska » ?
        Ce dont tu parle,s à raison, est important mais pas essentiel : que disons-nous sur l’Europe politique, sur la monnaie ?
        Pas grand chose, sinon rien.

      20. @Zebu

        Vous apprécierez la solidité des arguments tout droit issu d’un terroir vinicole dont on a du mal à se convaincre qu’il existe. La France, ça n’a jamais existé et si ça a existé, ça n’existe plus. Hop, fermez le banc, y a plus rien à voir. Ca a le mérite d’être clair, pour une fois…

      21. zébu, Nicks,

        Ce n’est pas anachronique, ce n’est simplement pas comparable.
        Et outre que la france était le pays le plus peuplé et la puissance continentale en 1789, que ce serait il passé s’il avait existé une union européenne en 1789? La france aurait demandé l’accord des monarchies pour instaurer la république et les droit de l’homme et du citoyen? Les révolutionnaires auraient cherché des soutiens chez des collègues révolutionnaires un peu partout en europe?
        Elle en serait sortie, et le scénario aurait peu ou prou été le même : coalition des monarchies etc…

        Les flamands s’entendent de moins en moins avec les wallons, la tchéquie s’est séparée de la slovaquie, le groenland a pris sont indépendance vis à vis du danemark. Et tous ce petit monde réussirait à être d’accord au niveau européen?
        On a déjà du mal à se mettre d’accord en france!!!

         » favorable à un débat politique paneuropéen qui permettrait de rendre totalement caduque le faux argument qui consiste à dire que « les autres pays n’en voudront pas » dès qu’il s’agit de s’orienter vers une politique de gauche. »
        En quelle langue? quel financement pour les partis « paneuropéen » (vous espérez que d’autres que ceux existant apparaissent?)? Un débat public? Des médias paneuropéens? Ce qui se passe à l’assemblée nationale n’est déjà pas très diffusé.
        Pour le « faux argument », c’est pourtant ce qui se passe tout le temps : çà s’est passé avec mitterrand (béregovoy préconisait une monnaie commune, mitterrand lui a demandé : « vous avez une majorité pour cela? » B: « non » M : « et vous voulez faire l’europe? » B : « oui » M : « moi aussi! »=>monnaie unique), jospin (« ils n’en ont pas voulu, on va faire autre chose »), merkozy etc…
        Le traité de lisbonne de giscard est un chef œuvre d’équilibriste : les polonais veulent plus d’atlantisme, les allemands et les français moins, les anglais veulent plus de libéralisme, les français moins, les pays du nord veulent une monnaie forte, les pays du sud une monnaie plus faible, les pays agricoles veulent soutenir l’agriculture, les pays industriels veulent eux soutenir l’industrie, certains veulent une production agricole de qualité (et les normes afférentes), d’autres un productivisme aveugle, les pays avec de fortes protections sociales veulent les conserver, ceux avec une faible protection n’en veulent pas par souci de « compétitivité », les pays exportateurs veulent pouvoir exporter, les pays importateurs veulent protéger leur économie, etc…
        qu’est devenue le projet d’union pour la méditerranée? l’allemagne s’y est opposé, elle préfère un partenariat oriental… Chirac a violé le traité de maastricht lorsqu’il a menacé de s’opposer à l’attaque de l’irak!
         » restructurer le secteur financier » dans quelles limites? Le luxembourg, l’angleterre y sont sérieusement opposés, et beaucoup de pays sont timides sur le sujet. Et : le restructurer uniquement en UE?
        « des services publics européens » : contraire au traité âprement défendu par la commission, traités sur lequel ils se sont tous entendu (maastricht). La révision se fait à l’unanimité. Un smic européen? Il faut en parler aux pays qui n’en ont pas. Et après décider le dit minimum : entre la roumanie ou la france(par ex)?

        Au plus il y a de pays dans l’UE au plus çà bloque, et les élargissements se font avec des pays qui ne sont pas au niveau de sécurité social : la concurrence, les traités et la commission sont pour, car selon le libéralisme scientifique, rien de mieux. à tel point que la directive bolkenstein était un progrès!
        Et pas de « champion » européen : pas bon pour la concurrence. Airbus (qui n’est pas une création de l’UE) délocalise en zone $.

        Pendant que les pays européens s’épuisent dans une alliance bourrée de contradictions (à tel point qu’aujourd’hui même le fédérateur américain a du mal à faire pencher la balance où il le souhaiterait), la géopolitique mondiale suit son cours.

        Vous auriez pensé quoi de partis alter-soviétisque en hongrie, en tchéquie ou en pologne…?

        Seule solution, une constituante pour un état fédéral, et encore, vu les partis politiques en présence…et encore, vu les divergences d’intérêts, de liens historiques, et de culture politique de chaque pays, sans compter les différences économiques. çà fera un début de légitimité, une meilleure coordination, mais çà ne risque pas d’aller « vers le haut ».
        Les états-unis ont une langue, un sentiment national américain fort qui sous tend l’unité, tous leurs territoires ont été conquis ou achetés sous la même bannière, tous se reconnaissent dans la constitution américaine (pas une énormité comme lisbonno-maastricht : pas de règles économiques par ex), il existe une bonne mobilité des travailleurs au sein de la zone monétaire… Et au passage, çà n’a pas empêché la guerre de sécession.

        (nb : Toutes les entités pluri-nationales ont toujours explosé : l’union soviétique, la yougoslavie, l’ottoman l’autriche-hongrie, l’empire romain etc…

        Et les régionalismes insidieusement promus par l’UE font éclater les états déjà diverses en flattant une fibre (de même un niveau européen) qu’elle condamne par ailleurs quand il s’agit de l’échelon national : une fois éclatés, la france, l’italie, l’espagne, le royaume uni, la belgique vont ils « peser »?)

        à Paco76 : « Vous devez confondre Todd avec Minc !? »
        j’ai écris : « pour les grandes lignes, il a du flair mais en terme d’action politique, il se plante tout le temps… » Minc se plante même dans les grandes lignes.

      22. @Zebu

        Forcément, si vous n’écoutez que la parole dominante, vous n’allez pas avoir beaucoup de propositions. Mais j’ai avancé quelques pistes qui précisément ont été abandonné depuis un bail. Essayons déjà de voir ce que ça donne quand on les remet sur la table en en ayant pas honte.

        @Sylla

        Vos objections sont aussi celles qu’avancent les libéraux quand il s’agit de mettre en place une taxe sur la finance par exemple : trop compliqué, vous n’y arriverez pas, les autres ne seront pas d’accord etc. Je les rejette. Portez un projet de façon déterminé, le temps qu’il faut et il aboutira. Vous imaginez avec quelle force les néolibs ont mené la guerre idéologique pour arriver au joyeux résultat actuel ? Bizarrement, ils n’ont pas eu de problème de langue eux…

        Seulement il faut être d’accord sur la finalité. Personnellement je ne cache pas qu’à mon sens une entité géopolitique ne peut survivre sans sentiment d’appartenance partagé de toutes ses composantes. L’unité remarquable de notre territoire ne s’est pas faite toute seule et indépendamment de la violence qu’il a fallu parfois mettre en oeuvre, elle a tenu sur le long terme grâce à l’égalité territoriale et à la cristallisation des périphéries contre le centre, ce dernier étant néanmoins largement supporté par les bienfaits qu’il apporte. L’Union n’a pas d’avenir si nous ne pouvons pas décliner ce modèle, avec les adaptations nécessaires bien entendu et sans brutalité, il va sans dire.

        Il faut réussir à trouver ce qui nous unit, quitte à le fabriquer (éviter un ennemi extérieur si possible, ça ce sont plutôt les européistes qui en rêvent) et rejeter ce qui nous met en opposition, le principal selon moi étant la compétition économique acharnée. Il faut développer une parole universaliste et notre pays à une petite expérience dans le domaine. Essayons !

      23. Tiens, plus haut, c’est fermez le ban pas fermez le banc. Je corrige avant que vignator ne me nettoie !

      24. @ Sylla :
        « Ce n’est pas anachronique, ce n’est simplement pas comparable.
        Et outre que la france était le pays le plus peuplé et la puissance continentale en 1789, que ce serait il passé s’il avait existé une union européenne en 1789? »
        Parce que c’est pas un anachronisme, ça ?

        La France, pays le plus peuplé, certes, mais l’Allemagne et la Russie faisaient quasiment jeu égal en 1789 puis la France est passée au second rang derrière la Russie en 1795.
        ‘la’ puissance continentale ?
        Après la guerre de sept ans, c’est plutôt rigolo d’affirmer cela, surtout en comparaison de la Prusse qui avait l’armée la plus importante et la plus puissante en Europe.
        Sans parler, of course, de la suprématie navale des anglais mais aussi économique et financière (déjà).
        La France en 1789 ?
        Un épuisement régimaire dans tous les domaines, seulement sauvé militairement et stratégiquement par sa participation à la guerre d’indépendance des Etats-Unis …

        Du foutage de gueule en long et en travers.
        La situation est très comparable, sauf en un point : la population, puisque la population allemande est maintenant plus importante que celle de la France.
        Pour le reste et en dehors des anachronismes dont vous feriez bien de vous passer de nous les resservir (‘union européenne’, ‘euro’, etc.), la France, à supposer qu’elle suive un chemin hétérodoxe par rapport au néolibéralisme, se retrouverait dans un même rapport de force en Europe qu’en 1789 : seule ou quasi.
        Il n’est d’aucun intérêt de comparer des situations qui évidemment (!) ne sont pas comparables. Il est par contre très intéressant d’analyser au-delà de ces différences les lignes de force en présence. Et sur ce point, force est de constater une grande similarité.

        Et encore une fois, la question n’est pas la sortie de l’UE mais bien celle du rapport de force au sein de ce qu’est l’Europe, maintenant.

      25. Nicks,
        Combien de temps un gouvernement d’un pays de l’UE qui votera communiste ou socialiste restera au pouvoir sachant qu’il lui est concrètement impossible de réaliser son programme? Le temps de rassembler une majorité au sein de l’UE et le temps que cette majorité convainque ou pressure le reste des pays de l’UE?

        Mes objections ne sont pas de la rhéthorique mais un rappel de l’histoire. Ces objections ne sont pas des libéraux spécifiquement, mais de ceux qui ont assumé le pouvoir.
        Delors, ministre de Mitterrand : http://www.ina.fr/fresques/jalons/fiche-media/InaEdu00151/le-tournant-de-la-rigueur-sous-le-gouvernement-mauroy.html (je pourrais y ajouter jospin mais je ne trouve pas le discours que je cherche).
        Et plus récemment : Sarkozy : « l’Europe nous a sauvé des socialistes » ( http://www.dailymotion.com/video/k2slrKSTzqP0lVGL7e#from=embed )
        Ou Fillon : « Quant à promettre aux Français que l’on va renégocier le traité que nous avons conclu, de deux choses l’une: soit c’est de la naïveté, soit c’est du mensonge. La parole de la France est en jeu » http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/francois-hollande-veut-des-changements-de-fond-du-traite-de-l-ue-07-03-2012-1438846_240.php

        Le fait est que la démocratie au sens de débat droite/gauche et des politiques afférentes n’existe plus.

        Ce sont aussi des objections de l’extrême gauche, par ex le m’pep (Lutte contre l’eurolibéralisme : avancées à gauche septembre 2008 par Jacques Nikonoff http://www.m-pep.org/spip.php?article979 ou Consensus européiste http://www.m-pep.org/spip.php?article1934 ) ou le prcf.

        Et c’est aussi de la logique : je ne dis pas que c’est trop compliqué, je dis que çà bloque. Mettez un communiste, un libéral, dans un pays, soit un pays aux lois libérales, soit un pays aux lois communistes, faites les prendre des décisions à l’unanimité, il n’en sortira rien : ils se neutraliseront mutuellement, les décisions seront bloquées. Si le pays était libéral il le restera, s’il était communiste il le restera. Pour résoudre cette opposition, il faudrait qu’ils acceptent de dialoguer et ainsi de remettre à plat leur idéologie, et non de débattre ou de voter (ou de faire des promesses à leurs « troupes »).
        Bien sûr si l’on multiplie les chapelles dans l’exemple et le nombre de personnes en proportion (étatiste/anti-état, centralisateur/décentralisateur, libéral/contrôleur, guerrier/pacifiste, égalitaire/égocentrique, etc…sans compter les subjectivités) le blocage s’intensifie.
        S’il y a bien un point sur lequel une large majorité d’acteurs politiques et de hauts fonctionnaires sont d’accord, c’est que çà bloque.
        C’est pour cela qu’il n’y a jamais de « plan B » : les négociations sont déjà extrêmement difficiles à aboutir.
        Ajoutez à cela l’influence américaine et le rôle prépondérant de la commission européenne (monopole des négociations du commerce extérieur, monopole de l’initiative législative, interprétant les traités, nommant les juges (le parlement a gagné avec lisbonne le droit de refuser des commissaires et les juges proposés).

        Le fait est qu’il n’y a nulle séparation des pouvoirs dans cette turpitude, la commission et les conseils monopolisant (surtout la commission qui en plus nomme les juges) l’exécutif et le législatif, et que donc selon l’article XVI de la dddhc de 1789 Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/dudh/1789.asp Ce texte n’a pas de valeur juridique mais montre néanmoins le niveau où nous sommes rendus.

        Mélenchon peut bien balayer d’un « alors c’est fini! on doit se coucher selon vous! » les objections concernant les difficultés patentes de proposer autre chose au sein de l’UE, comme je l’ai entendu chez ruquier face à polony/pulvar, çà ne change rien aux faits.

        Pour finir je vous citerais http://www.ina.fr/fresques/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00078/conference-de-presse-du-15-mai-1962-questions-europeennes.html
        concernant justement les objections, qui à cette époque étaient dans l’autre sens :
        ‎ » Je voudrais parler plus spécialement de l’objection de l’intégration.

        On nous l’oppose en nous disant :  » Fondons ensemble les six Etats dans une entité supra nationale. Et ainsi, tout sera très simple et très pratique « .
        Cette entité, on ne la propose pas parce qu’elle n’existe pas. Il n’y a pas de fédérateur, aujourd’hui, en Europe, qui ait la force, le crédit et l’attrait suffisants.
        Alors, on se rabat sur une espèce d’hybride et on dit :  » Et bien, tout au moins que les six Etats acceptent, s’engagent à se soumettre à ce qui sera décidé par une certaine majorité ».

        En même temps, on dit :  » Il y a déjà six parlements européens, six parlements nationaux, plus exactement, une assemblée parlementaire européenne. Il y a même une assemblée parlementaire du conseil de l’Europe qui, il est vrai, est antérieure à la conception des Six et qui, me dit-on, se meurt au bord où elle fut laissée. Et bien malgré tout cela, élisons un parlement de plus, que nous qualifierons d’européen, et qui fera la loi aux six Etats « .

        Ce sont des idées qui peuvent, peut-être, charmer quelques esprits, mais je ne vois pas du tout comment on pourrait les réaliser pratiquement quand bien même on aurait six signatures au bas d’un papier. Y a-t-il une France, y a-t-il une Allemagne, y a-t-il une Italie, y a-t-il une Hollande, y a-t-il une Belgique, y a-t-il un Luxembourg qui soient prêts à faire, sur une question importante pour eux au point de vue national et au point de vue international, ce qui leur paraîtrait mauvais parce que ça leur serait commandé par d’autres ? Est-ce que le peuple français, le peuple allemand, le peuple italien, le peuple hollandais, le peuple belge, le peuple luxembourgeois sont prêts à se soumettre à des lois que voteraient des députés étrangers dès lors que ces lois iraient à l’encontre de leur volonté profonde ?
        Ce n’est pas vrai. Il n’y a pas moyen, à l’heure qu’il est, de faire en sorte qu’une majorité puisse contraindre, une majorité étrangère, puisse contraindre des nations récalcitrantes.

        Il est vrai que dans cette Europe intégrée, comme on dit, et bien, il n’y aurait peut-être pas de politique du tout. Ca simplifierait beaucoup les choses. Et puis, en effet, dès lors qu’il n’y aurait pas de France, pas d’Europe, qu’il n’y aurait qu’une politique, et faute qu’on puisse en imposer une à chacun des six Etats, on s’abstiendrait d’en faire.

        Mais alors, peut-être, tout ce monde se mettrait à la suite de quelqu’un du dehors, et qui, lui, en aurait une. Il y aurait peut-être un fédérateur, mais il ne serait pas européen, et ça ne serait pas l’Europe intégrée. Ce serait tout autre chose de beaucoup plus large et de beaucoup plus étendu avec, je le répète, un fédérateur.

        Et peut-être que c’est ça qui, dans quelque mesure et quelquefois, inspire certains propos de tels ou tels partisans de l’intégration de l’Europe. Alors, il vaudrait mieux le dire. Voyez-vous, quand on évoque les grandes affaires, et bien, on trouve agréable de rêver à la lampe merveilleuse, vous savez, celle qu’il suffisait à Aladin de frotter pour voler au-dessus du réel. Mais il n’y a pas de formule magique qui permette de construire quelque chose d’aussi difficile que l’Europe unie. »
        çà n’a pas vraiment changé depuis, pire même, les populations de connaissent moins qu’à l’époque (les médias nationaux parlent des débats dans les pays européens? En autriche est lancé un processus de referendum pour sortir de l’UE, par ex.).
        Ici pour le plaisir, Todd et Mélenchon qui tombent d’accord pour classer dG à gauche selon les critères actuels (à partir de mn14) http://www.dailymotion.com/video/xi8jzz_melenchon-et-todd-la-rencontre-arretsurimages-net_news?search_algo=1

        Ceci dit, je risque fort de voter FdG, vu les propositions des partis en présence : soit il se couche devant le dragon et l’on saura à quoi s’en tenir, soit il obtient des avancées (sur le libéralisme, sur la subordination de l’UE à l’OTAN qui pousse la russie à relancer son industrie militaire (inutile de sortir de l’OTAN si on reste dans l’UE et que celle ci reste subordonnée à cette organisation)), soit il sort (mon option politique favorite : faire des dettes au niveau européen n’est pas une solution, et le rapport de force entre « partenaires européens » n’est pas acceptable).

      26. @Zebu

        Je parlais de parole dominante en visant les deux principaux partis qui en effet reste bien dans l’orthodoxie et ne propose strictement rien de « révolutionnaire ».

        Au moins le Front de gauche propose t’il de rééquilibrer le rapport de force en cherchant des alliances pour contenir les velléités allemandes, en attendant pourquoi pas que la donne politique change également dans ce pays. Die linke est en effet le parti européen le plus proche du front de gauche. L’objectif est connu : changer la gestion de la monnaie unique, restructurer le secteur financier, réaliser enfin l’Europe sociale.

        A mon sens, l’élément clé d’une construction européenne durable, c’est l’institutionnel. Pour obtenir un brassage des idées à l’échelle de toute l’Union, en essayant de dépasser les frontières et donc les partis nationaux, il faut une constituante. Or le front de gauche en propose une pour la France. Pourquoi une dynamique ne naîtrait-elle pas, notamment en réveillant le mouvement des indignés ? Cela lui donnerait enfin l’objectif politique qui lui manquait cruellement et qui a signé son échec bien prévisible. Il faut travailler dans cette direction. Comme il faut court-circuiter le secteur financier pour pouvoir le restructurer, il faudra également contourner les représentations en place pour changer les mentalités et les institutions. Mais on peut s’appuyer , au moins dans une première tentative douce, sur un mouvement qui propose justement cette révolution institutionnelle.

        @Sylla

        Je ne poserai que ces questions. Comment le CNR a t’il été possible ? N’y avait-il pas des tendances politiques pour le moins opposées en son sein ?

        Tous les politiques que vous m’avez cités sont des gestionnaires. Ils ont échoué précisément parce qu’ils ont oublié ce qu’est la politique. En partant de ce constat, De Gaulle aurait du échouer lamentablement dans sa tentative de réveiller la France occupée, il n’aurait jamais pu s’extraire de la domination anglo-saxonne du commandement allié. Pareil en 1789. Rien n’est impossible mais pour cela il faut accepter que la politique porte une forme de transcendance, ce que, pour des raisons relativement légitimes au départ, les fondateurs de l’Union ont voulu éradiquer.

      27. Misère faut vraiment que je me relise parfois, c’est truffé de fautes. Pas facile de poster dans l’urgence, pas que ça à faire non plus. Je ne cultive pas la vigne moi ! 🙂

      28. Nicks,

        « Tous les politiques que vous m’avez cités sont des gestionnaires. Ils ont échoué précisément parce qu’ils ont oublié ce qu’est la politique. » non, pas le m’pep ou le prcf. Un coup ce sont des objections de libéraux, un coup se sont des objections de gestionnaires.
        Comme je vous l’ai écrit : « les pays européens s’épuisent dans une alliance bourrée de contradictions » ou la citation de dG que je vous ai donnée : « Il est vrai que dans cette Europe intégrée, comme on dit, et bien, il n’y aurait peut-être pas de politique du tout. Ca simplifierait beaucoup les choses. Et puis, en effet, dès lors qu’il n’y aurait pas de France, pas d’Europe, qu’il n’y aurait qu’une politique, et faute qu’on puisse en imposer une à chacun des six Etats, on s’abstiendrait d’en faire. »

        Oui, la politique fut abandonnée, non sans raison. C’est le mot de mitterrand (ou à peu près) : « après moi il n’y aura que des avocats ou des économistes »

        « Je ne poserai que ces questions. Comment le CNR a t’il été possible ? N’y avait-il pas des tendances politiques pour le moins opposées en son sein ? »
        Il faudrait au moins un ouvrage pour répondre correctement. Je me contenterai donc de quelques points :
        -tous étaient d’accord pour un pacte républicain (un contrat social à la rousseau)
        -tous étaient d’accord sur le sujet de l’indépendance et de la souveraineté populaire (çà va de paire)
        -tous étaient d’accord pour une économie mixte (les syndicats et les communistes tiraient la couverture à gauche, la droite la tirait à droite certes, mais le principe de mixité était unanime)
        -accessoirement, ils parlaient la même langue, et étaient issus d’une longue histoire commune (la communauté européenne n’est encore qu’une vue de l’esprit, à mon sens assez suspecte d’ailleurs : la france a plus de liens et de devoirs à la fois l’histoire et de part sa population avec l’afrique qu’avec l’est européen par ex.)
        Pour la langue commune, celle européenne n’existe pas et à mon avis l’on aurait du commencer par là si ce n’était la difficulté de choisir laquelle (l’esperanto, pourquoi pas?).

        En bref, ils étaient déjà d’accord sur l’essentiel, munis d’un sentiment de communauté solidaire renforcé par l’épreuve de la guerre, de références* en bonne partie commune, et d’un média commun (la langue), et n’étaient en désaccord que sur des questions secondaires (secondaire ne veut pas dire non-importantes). Si un sentiment de communauté solidaire existait dans l’UE, les tendances régionalistes et les séparations d’états n’existeraient pas (cf par ex belgique et ex tchéquoslovaquie), on n’aurait pas non plus l’allemagne qui refuserait de passer au pot commun pour la grèce (alors que pour la réunification allemande, cela s’est produit « naturellement »).

        [*Par exemple, il n’y a qu’en france qu’il est question d’un « nouveau CNR » (entendu même dans la bouche d’un des conseiller économique de hollande, élie cohen))
        De plus, comme le rappelle la devise de la république (égalité : l’équité est vue en général comme floue voire suspecte), ou encore les propos de todd mélenchon au sujet du classement que serait celui de dG aujourd’hui, par rapport à la moyenne européenne, les français sont de gauche (ils sont même plutôt des communistes vu de washington) : les premiers services publics sont les établissements de communs profits établis par st louis (des maisons de retraites en gros). Je ne sais plus qui disait « la france est le seul pays où le communisme a réussi » (ou à peu près).
        Sur le CNR, un texte intéressant : « Le programme du Conseil national de la Résistance, encore aujourd’hui, est le cauchemar des néolibéraux » http://www.m-pep.org/spip.php?article664 (nb : le m’pep soutient le FdG, faute de mieux).]

        Par analogie, en europe on aurait en gros la démocratie et les droits de l’homme en commun (encore que dans le détail, le consensus n’est pas total), encore que ce ne soit pas aujourd’hui spécifique à l’europe.
        Mais l' »on » (par résignation, facilité, tentative de biaiser, peur, idéologie, opportunisme ou suivisme, carriérisme, envie du moindre mal etc le tout souvent au nom de la « belle idée européenne ».) a aussi constitutionnalisé le libéralisme scientifique (l’UE historiquement est le pendant opposé de ce coté de l’atlantique au socialisme soviétique, le socialisme scientifique : deux utopies idéalistes en fait), et cette constitution se modifie à l’unanimité des chefs d’états (à ce sujet vous aurez sans doute remarqué que le système médiatique a déjà entériné le premier tour et ne glose que sur le duel H/S, au motif que « les sondages », instituts de sondage non neutres non plus). De même le choix du président de la commission (candidat unique les deux dernières fois (avant je ne sais pas) : Barrosso) dont le rôle est prépondérant.
        D’un point de vue légaliste, il n’y a qu’une possibilité concrète (on peut toujours croire que. bien sûr, mais comme le dit le proverbe chinois, « c’est dormir toute sa vie que de croire à ses rêves ») : sortir de l’UE (conclusion que tire le m’pep).

      29. celui ci aussi se laisse lire :
        « PULVÉRISER LE CADRE LIBÉRAL EUROPÉEN

        Depuis trente ans, les libéraux de droite et de « gauche » ont pris prétexte de « l’intégration européenne » pour affaiblir les États. Non pas pour remplacer les puissances publiques nationales par une puissance publique européenne, mais au contraire pour tuer le principe-même de la puissance publique – comme expression de la souveraineté populaire et nationale -, en particulier dans le secteur des services (énergie, eau, transports, santé, éducation, banque, assurances, etc.).

        Le rôle de l’Union européenne dans l’affaiblissement des puissances publiques nationales

        La puissance publique ayant un rôle régulateur dans l’économie, ils l’ont affaiblie en invoquant un principe qui se trouve dans le traité de Rome (1957) : la libre-circulation des services et des capitaux. Le Traité de Nice (2001), autre traité européen, indique dans son article 56 que « toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites ». Et qui dit « libre-circulation », dit « libre-concurrence » ! A partir de ce principe, toute intervention publique, qu’elle soit financière ou à travers des lois (des règles sociales ou environnementales), devient une « entrave à la concurrence » !

        Ce principe a surtout été activé à partir de 1986, quand Jacques Delors a proposé « l’Acte unique européen » dont le principe a consisté à passer du « Marché commun » au « Marché unique ». Principe ensuite consolidé par le traité de Maastricht (1992) dont l’objectif était de mettre en concurrence toutes les activités économiques… et même toutes les activités humaines.

        Au moment même où se négociait le traité de Maastricht, se négociaient également les statuts de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Depuis 1994, cette puissante organisation – qui n’a aucune légitimité démocratique – est chargée de faire appliquer l’Accord général sur le commerce des services (AGCS). Il s’agit d’un programme à l’échelle internationale visant le démantèlement des services publics en faveur des entreprises privées, et de privatisation des services publics existants.

        Un jeu de poupées russes

        Au niveau international, l’OMC agit pour mettre en œuvre l’AGCS, un accord de libéralisation à l’échelle planétaire.

        Au niveau européen, l’Union européenne ne reconnaît pas les services publics car elle considère qu’ils sont incompatibles avec le principe de la « concurrence libre et non-faussée » ! Elle utilise le traité de Maastricht et le traité de Lisbonne pour élaborer et mettre en œuvre des directives – comme la Directive « services » (anciennement « directive Bolkestein ») portant sur la libre-circulation des services, au même titre que celle des hommes, des marchandises et des capitaux.

        Au niveau national, le gouvernement a élaboré la RGPP (Révision générale des politiques publiques), qui va dans le sens des traités européens. En ce qui concerne le système hospitalier, la loi HPST (Hôpital, patient, santé, territoire) découle de la RGPP. Les « partenariats » public-privé (PPP), forme déguisée de privatisation, sont inscrits dans ces lois. C’est normal ! Car en inscrivant le traité de Lisbonne dans la Constitution française en 2007, le Congrès, à la demande de Sarkozy (et avec la complicité du Parti socialiste et d’Europe écologie/Les Verts), a rendu illégal en France le principe des services publics !

        Au niveau local, les élus des collectivités (mairies, SAN, conseils généraux, conseils régionaux, etc.), qu’ils soient de droite ou de gauche, sont mis en demeure de respecter les traités européens et d’appliquer les directives européennes. Qu’ils le fassent de bon gré ou pas, tous le font, tous mettent en œuvre des directives libérales, la plupart du temps sans piper mot, sans alerter la population, sans créer de conflit… »
        http://www.m-pep.org/spip.php?article2528

      30. @ Nicks :
        Ah, j’ai cru un instant que tu disais que je n’écoutais que la parole des partis dominants …
        (enfin, c’est ce qui est écris, quand même).
        Dans le discours dominant par ailleurs, on entend aussi le PG désirer l’intervention de la BCE en direction des états avec des prêts à 1%, sans se poser la question de la monnaie, en dehors de rester/partir de l’euro : quid du bancor par exemple ? Sans poser non plus la question de la mise en défaut organisée (je ne parle pas de la nationalisation des banques, qui ne serait en ce sens qu’une conséquence et non une cause : nationaliser les banques sans mettre en défaut organisé est un non sens). Sans parler de la multiplication des mesures de régulation financière, qui ne sont que des mesures certes nécessaires à minima mais des mesures de containment, ne s’attaquant pas à la racine des problèmes (interdiction des paris sur les fluctuations).
        A mainstream, mainstream à moitié …
        De même, concernant l’Europe politique, on n’entend guère que l’Europe sociale. Or, je ne vois guère comment une Europe sociale pourra voir le jour sans Europe politique.
        Bref, je ne vois guère en quoi le PG viendrait renouveler le cadre sur ces aspects fondamentaux. Mais il est par ailleurs intéressant sur plein d’autres propositions.
        Mon propos n’est pas de dire ici ‘le PG c’est caca-boudin’ ou ceci-celà, mais uniquement de répondre à l’assertion concernant les ‘voix dominantes’.
        Parler plus fort en criant ‘résistances !’ ne fait pas, en soit et sur tout, sortir sa voix des voix dominantes.
        C’est une critique certes facile mais elle ne fait que répondre à la critique ‘dominante’ (parce que se concevant ‘supérieure’, parce que ‘hors des voix dominantes’) de ceux qui pointent les ‘dominés’.

      31. @Sylla

        Je n’ai pas dit que ce serait simple. Mais il y a des éléments à la faveur de cette crise qui, si ils sont utilisés pour servir un argumentaire porté avec force encore une fois, peuvent apporter de l’eau au moulin. Une fois que la roue est partie…Ne sous-estimez pas le pouvoir des idées. J’ai toujours été partisan de l’approche idéologique en politique, pour moi ce sont même deux notions indissociables. A mon petit niveau, j’ai testé ce que pouvait donner le martelage résolu des idées, la répétition inflexible d’un argumentaire cohérent. Ca marche et Mélenchon est en train de le montrer même si la gauche part de très bas.

        Mais il faut assumer. Cela ne signifie pas être opaque à la nuance mais juste afficher la confiance dans les solutions que l’on propose. A titre personnel, je suis jacobin et mon idée de l’Europe est clairement d’inspiration française pour précisément unifier le territoire et créer un sentiment d’appartenance qui soit lié à un pacte social transcendant. Quand on m’oppose que tous les autres pays ont horreur du modèle français, qu’il n’est pas possible d’installer une idéologie unique etc, je réponds que les néolibéraux y sont bien arrivés eux. Leurs méthodes doivent pouvoir nous enseigner quelque chose…Je concède qu’il est plus facile de diviser que de rassembler, de flatter l’individualisme que le solidarisme. Il faudra peut-être un coup de main du destin. Je précise que militer pour un système inspiré du nôtre ne veut bien entendu pas dire essayer de le calquer mais plutôt faire en sorte que l’actuel modèle de l’Union, très anglo-saxon se rééquilibre fortement vers des solutions plus « continentales »

        Bien entendu, si aujourd’hui je pensais que la France peut s’en sortir seule en décidant souverainement de son destin, en bon voisinage avec les autres pays, je militerais pour une sortie de l’Union. Malheureusement je crois que le génie français ne peut pas grand chose face à 1.5 milliards de chinois et contre la finance mondialisée. J’aime bien l’idée d’être français, c’est une bonne partie de mon identité, mais mon combat premier, c’est de ne pas faire du monde entier une marchandise et de ne pas l’être moi-même, de ne pas considérer mes semblables comme relevant des pseudo lois du marché.

      32. @Zebu

        Je n’ai jamais dit que le front de gauche était une panacée. J’ai souvent répété ici que, compte tenu de système électoral actuel et de l’offre en présence, je considérais que c’était le choix le plus pertinent et surtout qu’il n’y avait rien à perdre à le tenter. Je cherche en vain dans le programme des deux candidats dits principaux, la moindre trace de l’influence jorionesque. A la limite moi cela ne me gêne pas car je n’ai jamais caché non plus que hors préconisations purement techniques comme l’interdiction des paris (ou le SLAM de Lordon qui est de nature plus psycho-technique dirais-je, mais reviendrait aussi à décourager la spéculation), je n’adhérais pas aux solutions proposées sur ce blog, pas assez politiques.

        Au sujet de la finance, je pense toujours que la clé de la résolution de la crise, c’est la gestion monétaire. Si on recouvre le contrôle de la monnaie, on récupère la marge de manoeuvre politique pour faire son sort au secteur financier. Il faut cela dit le faire à la bonne échelle, c’est à dire celle de l’Union, qui me paraît avoir la taille critique. Le reste viendra tout seul…

        Je crois que plus important que le détail, c’est la dynamique. A ce titre, l’idée d’une constituante devrait tout de même éveiller l’intérêt parce que en théorie, le champ des possibles est totalement ouvert au début d’un chantier comme celui-ci. Nous en avons besoin en France, c’est une évidence vu la sclérose de la vie politique, mais l’Union en a aussi un cruel besoin pour se légitimer et devenir démocratique. Je ne peux pas croire que nous soyons le seul peuple en Europe à pouvoir nous passionner pour un débat institutionnel et notamment pour la question de la souveraineté citoyenne.

        Sur la sortie du cadre, je me suis exprimé également. A mon sens c’est une confusion assez grave de ce qu’est une société constituée d’êtres humains. On pourra bien détruire ou laisser couler le capitalisme que les hommes n’en resteront moins hommes, à savoir mus par un désir de domination et heureusement capables de le lisser par les structures. Mais l’homme nouveau, non merci…

        En bref, s’il faut soigner les détails techniques en vue de l’application, il faut avant tout créer la dynamique…

      33. @Nicks,
        « Quand on m’oppose que tous les autres pays ont horreur du modèle français, qu’il n’est pas possible d’installer une idéologie unique etc, je réponds que les néolibéraux y sont bien arrivés eux. »
        mouais, vous avez vu la logistique? Vous allez reconquérir les facs d’europe et des états unis pour y installer des marxistes, ou reprendre en main les médias ou leurs propriétaires, renégocier les traités de libre échange internationaux accumulés depuis 60, remanier l’omc? Ils ont mis tout ce temps pour s’installer les néo-machins (plus même), à coup de patience, de malignité, sous la peur des soviets, à la faveur de la « libération », aujourd’hui sous la peur de l’islam ou de la chine, et avec un soutien inconditionnel du capital (et de ses suiveurs. ah la fascinante liberté de faire ce qui nous plaît), voire de gouvernements (voire : je rappellerais juste le sort d »Allende). Certes leur échafaudage s’ébranle, mais vous me semblez parti la fleur au fusil là.

        Pour le « modèle français », outre que c’est aussi une culture (çà pousse pas tout seul) résultant de l’histoire politique, j’imagine très bien des anglais se faire la même réflexion que vous au sujet du « modèle britannique » (par ex habeas corpus, libre échange), ou des suédois au sujet du « modèle suédois », ou des allemands au sujet du « modèle allemand » (par ex industrie et séparation de la monnaie et du politique)etc…
        On pourrait peut être éviter ce genre d’universalisme pas si universel, et s’en tenir à ce que l’on a en commun ( : démocratie et droit de l’homme), et progresser (mais perso : pourquoi donc s’en tenir à l’europe? ils puent les autres? l’onu, çà va pas? il font comment les autres pays? nulle part çà existe une telle intégration! si, états unis.) pourquoi pas, mais il faudra bazarder les modèles nationaux voire certaines nations (pour les allemands ou les anglais, je ne le sens pas trop çà, ni pour les français, ou les italiens, ou les espagnols ou les polonais ou les grecs etc…), et il faudra au moins une langue (deux trois à la rigueur, çà marche en suisse) commune.

      34. @Sylla

        Je ne mésestime pas les difficultés mais je crois que vous esquivez mes objections. Il faudra sans doute du temps. Mais la crise est devant nous. Il y aura des opportunités…

      35. @Sylla

        Je me suis mal exprimé. En fait, vous répondez par c’est trop compliqué à chaque fois. Ce sera compliqué en effet. Encore davantage si on ne tente pas…

      36. zébu, j’avais sauté votre réponse. toujours de mauvais poil a priori.

        Vous écrivez que votre comparaison est anachronique (pour ensuite me reprocher paradoxalement que ma fiction serait anachronique, me conseillant même « de [me] passer de nous resservir [ces anachronismes](‘union européenne’, ‘euro’, etc.) ». à ce sujet où ai je donc parlé d’euro pour 1789?), je vous réponds que cette comparaison, dont vous dites vous même qu' »il n’est d’aucun intérêt de comparer des situations qui évidemment (!) ne sont pas comparables », n’est pas valable (non pas par anachronisme(bis)), par contre la fiction d’une union politique des régimes européens est éclairante : une telle union eut formellement existé, la france en serait sortie en 1789.

        Vous poursuivez donc en précisant que cette comparaison anachronique et non comparable, comme vous dites, serait néanmoins intéressante pour « analyser au-delà de ces différences les lignes de force en présence. Et sur ce point, force est de constater une grande similarité » : « la France, à supposer qu’elle suive un chemin hétérodoxe par rapport au néolibéralisme, se retrouverait dans un même rapport de force en Europe qu’en 1789 : seule ou quasi ».

        Votre « analyse » conclut donc que la grande similarité est que la france sur ce chemin hétérodoxe serait « seule ou quasi ».
        Sur cette conclusion d’ailleurs bien évidente, vous extrapolez donc, qu’il ‘est possible de changer l’union européenne. Ce qui est pour le moins surprenant.
        « On est isolé, donc çà va marcher, on a fait çà en 1789. », pour ainsi dire et résumer votre « argument ».

        Je me permets de vous rappeler que c’est l’empire qui fit quelque peu se changer les régimes monarchiques, et une partie seulement, mais non la france révolutionnaire qui elle ne fit que se défendre. Vous confondriez lutte d’indépendance et guerre de conquête.
        Et il s’agissait de forces armées, alors qu’il s’agit aujourd’hui de poids économique et de « rapports de force » diplomatiques.

        Là vous nous proposez de passer en force auprès de nos partenaires européens : puisqu’ils ne veulent pas, on réussirait à leur imposer (à supposer que ce soit à la portée des forces diplomatiques du pays, ce qui est très loin d’être évident).

        Faut il vous rappeler que nous avons des traités qui nous engagent et que le droit international s’est quelque peu développé depuis 223 ans, par ex le principe de continuité de la parole de l’état? Que l’article 5 de la constitution française stipule que « Le Président de la République[…] assure[…] la continuité de l’État. Il est le garant […] du respect des traités. »?
        Que le ps du programme commun après avoir nationalisé les banques s’est trouvé faire « le tournant de la rigueur », puis l’acte unique puis le traité de maastricht que vous voulez renégocier par un rapport de force?

        Vous allez peut être objecter que « la situation a changée ». A priori sarkozy vous a semblé trop mollasson.
        Oui la situation a changé, une crise était déjà là, frappant durement, le japon par ex, oui, après l’europe des six que dG ne put guère que bloquer, ce fut l’europe des douze que Mitterrand du suivre, et oui le poids relatif de la france est encore diminué dans celle à 27 (vous noterez : europe des six, europe à 27).
        Irrésistiblement, ces appels au rapport de force et ce « la situation a changé » me rappellerait la mythologie marxiste du « grand soir », largement inspirée par la révolution de 1789 d’ailleurs.
        On arrivera peut être à réglementer quelque peu la finance, après…

        Et faut il quand même aussi signaler que le fait que les « gros pays » fassent la loi en europe n’est pas particulièrement bien vu par les « petits pays »? Le pseudo-couple franco-allemand agace déjà passablement, alors votre hétérodoxie solitaire…

        « Et encore une fois, la question n’est pas la sortie de l’UE mais bien celle du rapport de force au sein de ce qu’est l’Europe, maintenant. » oui, bien sur…Relisez aussi l’intervention de Vigneron sur Samson.
        « Du foutage de gueule en long et en travers. » oui, j’en ai bien l’impression. du libre fantasme et de la colère mal ficelée.

        Au passage après vous avoir vu écrire vouloir réduire, notamment par le droit, le rapport de force entre individus, vous lire répéter « rapport de force avec les pays européens » à tue-tête m’intriguerait presque.

        P.S. : pour votre blabla sur la puissance, « il n’est de richesse que d’homme », ou alors vous m’expliquez posément comment la non puissance résista et même repoussa les armées des monarchies. Quant à la flotte anglaise, vous liriez calmement vous n’auriez pas sauté le « continentale » de « puissance continentale » que vous m’exhibez fièrement.

        Enfin : « La France en 1789 ? Un épuisement régimaire dans tous les domaines, seulement sauvé militairement et stratégiquement par sa participation à la guerre d’indépendance des Etats-Unis … »
        Je ne suis pas historien mais je crois me souvenir que c’était avant 1783 cette guerre que louis xvi a soutenu, sans préoccupation pour la déjà mauvaise situation financière de son royaume. Je ne vois pas en quoi cela a sauvé, militairement ou autrement, au contraire, le régime monarchique. Ou alors une victoire à la Pyrrhus est pour vous une sauvegarde.

      37. Nicks

        Je me suis mal exprimé. En fait, vous répondez par c’est trop compliqué à chaque fois.

        C’est un poil réducteur. Comme si les leçons de l’histoire n’existaient pas ou que les freins ne s’étaient pas multipliés. La prochaine fois, je me contenterais de ces trois mots…en rappelant que vous (pas vous en particulier) êtes dans la foi.

        Ce sera compliqué en effet. Encore davantage si on ne tente pas…

        oui, oui…j’avais oublié le fait que le parlement européen a voté en 2009 (ou 2010? sais plus) l’intégration du grand marché transatlantique (UE/USA) pour 2015 dans ma liste que vous réduisez à « çà va être trop compliqué ».

        Je vous l’ai dit : ils auraient du faire des partis alter-soviétiques en urss, avec comme slogan « qui ne tente rien n’a rien! », ou les indiens ou les américains des partis alter-empire britannique. top efficace. d’ailleurs les alter-mondialistes d’attac ont proposé un des leur comme directeur du fmi!

        çà vous fera plaisir : Berlin veut un nouveau débat sur une Constitution européenne
        « L’Allemagne souhaite un nouveau débat sur une Constitution européenne pour permettre à l’Union de mieux lutter contre les risques financiers et faire face à l’influence croissante des économies émergentes, a déclaré vendredi le ministre allemand des Affaires étrangères.

        Poussé par une opinion publique de plus en plus lassée par les renflouements des pays endettés de la zone euro, le gouvernement allemand a tenté en vain de modifier le traité de Lisbonne l’an dernier. »
        La chine et le brésil : influences menaçantes en zone euro! 😀

        Et poutine compte relancer l’industrie militaire russe…

      38. @Sylla

        Le problème n’est pas là. Je ne vous dis pas que ce sera simple, vous me dites que c’est impossible. Les leçons de l’histoire sont à double tranchant car elles peuvent retourner vos objections. Qu’auriez vous dit à De Gaulle en 1940 ? Qu’il n’avait aucune chance ?

        La politique est non pas une question de foi mais de conviction. Je ne vais pas vous expliquez la nuance tout de même.

        Sur l’Allemagne qui, par son ministre des affaires étrangères désire relancer la discussion sur une constitution, je dis que c’est justement une opportunité et que nombre d’européistes enchaînent les signes de croix dès qu’on ose envisager la question. On peut aussi retourner les initiatives. Si on lance aujourd’hui un vrai débat sur l’Europe, les tenants de l’orthodoxie seront laminés et ils le savent…

      39. Nicks,
        dG comptait aussi sur l’entrée en guerre des états unis et de la russie pour renverser la vapeur. Et il ne s’agissait pas de négociations intergouvernementale en europe (sinon, on peut prendre l’exemple de mahomet : de peu on peut faire énormément!), ni de faire changer de politique chez eux (à part les vaincus) les pays européens.
        et…vous voyez un dG quelque-part?

        Je ne dis pas que c’est impossible, je liste les nombreuses désillusions, les nombreux revirements, et les blocages juridiques. C’est hautement improbable.

        Pour l’allemagne, pardonnez moi mais vous me rappelez ces « socialistes » qui récemment prenait la rédaction d’une lettre cosignées 12 pays européens et envoyée aux autres pays européens, lettre qui prônait plus de dérégulations pour plus de croissance, comme un signe positif qui montrait que la question de la croissance s’invitait au débat.

  12. Quand on creuse un trou, on a beau faire, il faut toujours faire un tas quelque part… 🙂

  13. La grosse commission :

    IIF’s Doomsday Memorandum Revealed: Disorderly Greek Default To Cost Over €1 Trillion

    « While everyone was busy ruminating on how little impact a Greek default would have on the global economy, the IIF – the syndicate of banks dedicated to the perpetuation of the status quo – was busy doing precisely the opposite. In a Confidential Staff Note that was making the rounds in the past 2 weeks titled « Implications of a Disorderly Greek Default and Euro Exit » the IIF was doing its best Hank Paulson imitation in an attempt to scare the Bejeezus out of potential hold outs everywhere, by « quantifying » the impact form a Greek failure. The end result: « It is difficult to add all these contingent liabilities up with any degree of precision, although it is hard to see how they would not exceed €1 trillion. » In other words, hold out at your own peril. Of course, what the IIF does not understand, is that for hedge funds it is precisely this kind of systemic nuisance value that makes holding out that much more valuable, as they understand all too well that they have all the cards on the table. And while a Greek default could be delayed even if full PSI was not attained by Thursday, it would simply make paying off the holdouts the cheapest cost strategy for the IIF, for Europe and for the world’s banks. Unless of course, the IIF is bluffing, in which case the memorandum is not worth its weight in 2020 US Treasurys. »

    – First, « quantifying » the fallout from a disorderly default, based on the one thing that everyone always forgets (as was the case in Bank of America)- contingent liabilities:

    – A disorderly default, which would happen if hedge funds refuse to comply with the coercive exchange offer, means game over for Greece:

    – Of course, Greece would not be dragged into the abyss alone:

    – Portugal would be next:

    – Next would be Ireland, Spain, Italy and so on (full details inside the memo). But the biggest risk as all know, is the ECB, the European Banking System, and finally the Fed itself.

    – Next: global trade would implode:

    http://www.zerohedge.com/news/iifs-doomsday-memorandum-revealed-disoredly-greek-default-cost-over-€1-trillion

  14. Comme disait Lavoisier:
    « Rien ne se perd, rien ne se crée tout se transforme. »
    Ce qui dans le cas présent donne: la richesse créée par les fourmis, se transforme en dette des cigales, qui au final ne pourront payer. Les créances des fourmis ne valant plus rien, soit elles acceptent les pertes, soit elles réduisent les cigales à l’esclavage afin de rentrer au moins partiellement dans leurs comptes.

    1. Pfouhhhh, j’en ai vraiment assez d’entendre encore et depuis trois ans seriner les perroquets sur l’air Jducaquetant des cigales et des fourmis… Il s’agit de pays et d’États plus pauvres ou moins riches et plus endettés que d’autres pays et États moins pauvres ou plus riches à l’intérieur de l’Eurozone, point.

  15. L’endettement rends le profit possible c’est « la contradiction » le plus accepter au monde. 😉

  16. « la grosse contradiction allemande »

    c’est pas gentil d’appeler Angela comme ça.

    Désolé, je sors.

  17. Enfin, nous avons un vrai thème de campagne, l’hyper-sexualisation des petites filles… dont acte.

    L’éternel retour du même, c’est un peu la fin de l’Histoire, l’épiphanie, l’accomplissement et la clôture, – le Nirwana. Une utopie positive, opposable à l’apocalypse (dystopie). L’apocalypse est finalement assez peu envisagée, sans doute eu égard au grand sauveur de l’ère chrétienne…

    Cet éternel retour est la tentative de concilier l’instant avec l’éternité, par identité, alors que pour Kierkegaard ils sont reflets l’un de l’autre… Tentative de résoudre une contradiction.

    Mais l’absurdité de l’éternel retour qui est une multiplication du même dans le temps, alors qu’on pourrait tout aussi bien l’imaginer dans l’espace, entre en résonance avec notre monde. L’unicité de l’unique a pour correspondance le tragique (la perte) tandis que la multiplicité de l’identique délaye ou dissout, l’identique, l’identité. C’est la question du double.

  18. Hein que que… A la lecture je vois encore autre chose, incroyable. Donc les créances privées sont socialisées à travers des banques centrales nationales qui socialisent à travers la BCE (target machin). Il s’agit donc bien de la véritable nature de ce pseudo système libéral d’intérêts privés, un système public financier européen qui a toute les cartes en main pour orienter des politiques d’investissement et des règlements économiques intelligent entre économies nationales mais qui fait quoi à la place, des saloperies de privatisations toxiques et de remboursement mortifères de dette souveraine? Un ensemble d’institutions publiques, seul représentation possible d’un intérêt collectif, même celui de la collection d’intérêts privés chaotiques entre eux, qui a les moyen d’une vision lucide et objective de la totalité…et qui fait quoi… Qui fait croire que seul l’intérêt privé règle le fond du problème économique, alors qu’ils ne le sont que par des institutions publiques. C’est quoi cette mascarade extrême? Qui a dit que le 20 ième était le plus misérable de tous?

  19. The Mainstream Media Still Doesn’t Get the ECB Greek Debt Swap

    We’re fast approaching the end of the line here. It’s clear that the EU is out of ideas and is fast approaching the dreaded messy default they’ve been putting off for two years now.
    Indeed, Greece is just the trial run for what’s coming towards Italy and Spain in short order. NO ONE can bail out those countries. And they must already be asking themselves if it’s worth even bothering with the whole economically crushing austerity measures/ begging for bailouts option.

    http://www.zerohedge.com/contributed/2012-10-05/mainstream-media-still-doesn’t-get-ecb-greek-debt-swap

    Quand je pense à mon président sarkozy qui disait encore récemment : « l’Europe en train de tourner la page de la crise financière … ». Contrôleur des étiquettes dans le rayon viande d’une grande surface … un poste taillé sur mesure !

  20. A propos de l’Irlande :

    L’Irlande pourrait avoir besoin d’un second plan de sauvetage.

    Ireland is likely to need a second bailout when its current aid program ends, rating agency Moody’s warned today.

    In its weekly credit outlook report, Moody’s also warned a No vote in the upcoming fiscal treaty referendum would bar Ireland from receiving further funds under the European Stability Mechanism (ESM).

    The agency predicted the Government would have to rely on the ESM for additional funding after the existing bailout program expires in 2014.

    http://www.irishtimes.com/newspaper/breaking/2012/0305/breaking27.html

    A propos du Portugal :

    Le Portugal pourrait être contraint à demander une aide supplémentaire à ses créanciers.

    « Il y a un risque que l’ajustement budgétaire conduise à une contraction plus grande » que prévu a indiqué au quotidien Jornal de Negocios, l’Ethiopien Abebe Selassié, représentant le FMI au sein de la « Troïka » (UE-FMI-BCE) des créanciers du Portugal.

    En raison des mesures de rigueur – réduction des salaires des fonctionnaires, des retraites et des prestations sociales, hausse généralisée des impôts – l’économie portugaise devrait reculer cette année de – 3,3 % et le chômage atteindre 14,5 % fin 2012.

    Ces mauvaises prévisions ont suscité des craintes selon lesquelles le Portugal pourrait être contraint à demander une aide supplémentaire à ses créanciers voire même une restructuration de sa dette.

    A propos de la Grèce :

    Un troisième plan d’aide à la Grèce peut-être nécessaire en 2015 : il serait de 50 milliards d’euros.

    La Grèce pourrait avoir besoin d’un troisième plan d’aide international de 50 milliards d’euros en 2015, affirme l’hebdomadaire allemand Der Spiegel paru dimanche.

    La Troïka, représentant les créanciers de la Grèce (UE, BCE et FMI), aurait écrit dans une version préliminaire de son dernier rapport qu’il n’est pas du tout certain que la Grèce puisse revenir sur les marchés de crédits en 2015.

    Ses besoins en financements externes sur la période 2015-2020 pourraient alors atteindre jusqu’à 50 milliards d’euros.

    Mais Der Spiegel précise également que ce passage a été retiré à la demande du gouvernement allemand.

  21. Bien vu, c’était parfaitement prévisible!
    Autrement dit, les exportations allemandes seront payés en fin de compte par le surtravail des allemands eux-mêmes, sans possibilité de récupération; c’est facétieux!

  22. En Grèce, l’économie au quotidien apprend à se passer de la grande économie.
    la situation dramatique du pays laisse un espoir d’une organisation populaire accélérée permettant à chacun de vivre sans doute plus dignement. En tout cas, les producteurs pourraient ne pas perdre d’argent tout en permettant à plus de familles de manger à moindre frais.
    Aux dernières nouvelles, les bénévoles du groupe d’action Pieria annoncent que de nouveaux produits seront proposés directement depuis les producteurs, tels que l’huile, le riz, les haricots et les pâtes.
    http://www.okeanews.fr/la-revolution-des-patates/

  23. Merci de cette pédagogie. Au départ, je pensais « le diable est dans le détail ». Mais en fait ce n’est pas un détail que vous mettez au jour mais c’est encore la base même de la structure de cet écosystème artificielle qui ne tient plus debout et qui démontre que, comme en écologie, il n’existe pas (ou plus) de « services gratuits » – « Free lunch no more» (Science 2012, (335) p. 656-. Quand on veut faire sérieux en science biologique on cite Nature ou Science !
    Un autre détail, mais quand tout s’effondre, que valent les iles grecques dans un pays qui n’a pas de cadastres et pas d’armée pour défendre le bien d’un investisseur occidental ou oriental qui souhaiterait y installer son paradis fiscal ? Une histoire qui a pu être déjà traité sur ce blog : Jersey, paradis fiscal n’ayant plus de place pour les 50.000 autochtones qui ne rapportent rien ou pas grand-chose, il a été imaginé de les remplacer par de vrais traders et banquiers rentables eux et d’acheter une ville sur la côte française voisine pour les y installer !
    En écologie, sans tomber dans aucun catastrophisme inutile, on peut dire que Gaïa est fati-guée !

  24. La convergence germano-russe est une vieille réalité géo-stratégique qui nous renvoie à la grande Catherine faisant venir en masse des colons saxons pour valoriser les rives de la Volga…et à Staline livrant aux allemands en 1940 le pétrole nécessaire pour que les panzers déboulent jusqu’ à Paris…

    L’ Allemagne (la Prusse ?) regarde naturellement à l’ Est…

    1. Arrêtons avec cette histoire du swap de 2001. GS a gagné 600 millions, la Grèce son entrée dans l’eurozone et c’est marre. Tout le monde etait au courant à Bruxelles et ailleurs; c’était absolument légal et le choix était d’abord politique : si l’on refusait la Grèce alors il fallait refuser l’Italie, la Belgique et même la France.

      1. Dans les grosses lignes l’affaire est connue, évidemment.
        Mais qui paye les pots cassés? Les perroquets habituels continuent de dénigrer les grecs a l’envi, ça donne pas envie de refermer le dossier.
        Qui sait si un jour des leçons utiles ne seront pas enfin tirées de cette tragédie, sur la base de ces détails édifiants?

  25. Mardi 6 mars 2012 :

    La croissance économique de la zone euro s’est établie à 1,4% en 2011, selon une deuxième estimation publiée mardi par l’agence européenne de statistiques Eurostat, revue à la baisse par rapport à une précédente évaluation de 1,5%.

    Au quatrième trimestre 2011, le Produit intérieur brut de la zone euro a enregistré une contraction de – 0,3% comparé au trimestre précédent, un chiffre inchangé par rapport à l’estimation précédente.

    La baisse du PIB enregistrée au 4e trimestre laisse augurer la possibilité d’un deuxième épisode de récession en trois ans dans la zone euro si le 1er trimestre 2012 se termine par un nouveau recul : la récession se définit en effet par deux trimestres consécutifs de contraction de l’activité.

    Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a estimé mardi à Paris que la zone euro traversait de fait actuellement une récession modérée.

    Les investissements ont diminué de – 0,7%, et le commerce extérieur a vu à la fois une baisse des importations (- 1,2%) et des exportations (- 0,4%).

    Parmi les pays pour lesquels des données sont disponibles, seuls trois au sein de la zone euro ont enregistré de la croissance au quatrième trimestre : la Slovaquie (+ 0,9%), la France (+ 0,2%) et la Finlande (+ 0,1%), tandis que Chypre a connu une croissance nulle.

    Les plus forts reculs du PIB ont été enregistrés au Portugal (- 1,3%), en Estonie (- 0,8%), en Italie (- 0,7%), et aux Pays-Bas (- 0,7%).

    L’Allemagne a vu son PIB reculer de – 0,2%, la Belgique de – 0,2 % également, et l’Espagne de – 0,3%.

  26. En faisant des raisonnements de comptable on s’angoisse inutilement, Weidmann devrait plutôt se préoccuper de comment aller de l’avant et convaincre les autres pays de l’Union d’une rigueur et d’une croissance. Mettre un grand angoissé à cette responsabilité là c’est rouler freins serrés, la bagnole s’arrête ou va dans le fossé.

    L’économie c’est une dynamique, lui qui a fait ses études d’éco à Aix en Provence devrait se souvenir que lorsque la bouteille de rosé se vide, ça rend plus joyeux.

    Si c’est lui qui a inspiré le Spiegel alors il s’est tiré une rafale dans le pied.

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